Je vais vous raconter une toute petite histoire en marge
de celle d’Inshitayatoo, c’est un rêve, et pour une fois le scénario n’étant
pas trop décousu, je peux essayer de l’écrire sans qu’il ne soit tiré par les
cheveux.
J’errais comme de nombreuses fois dans mes rêves à la
recherche du chemin pour revenir, de nombreuses fois mais pas toujours, parce
que certaines nuits du fin fond de mon lit je me retiens de me perdre, je
m’arrête, je tourne les yeux à 360 degrés, des paysages familiers que je n’ai
pourtant jamais connus, m’assaillent, des montagnes, des mers, des plages, des
collines qui s’effacent pour dévoiler d’autres collines, des vallées qui se
succèdent, des cours d’eau, des rivières, ça monte, ça descend, ça me tente,
mais mon corps se méfie…Je ne bouge pas, je scrute. Dans ces rêves immobiles,
il m’arrive (j’allais ajouter lorsque j’ai tous mes esprits) de prendre des
photos. Je ne vous expliquerai pas l’énorme déception lorsque je me réveille.
J’étais en vélo, la route était plate, je rentrais chez
moi, même si je suis incapable de dire où j’habitais dans ce rêve, je rentrais
chez moi, là où quelqu’une m’attendait. Puis je me suis arrêtée dans une
station-service, au début il n’y avait qu’elle, cette femme brune ruisselante
qui s’activait dans tous les sens, elle courait pour aller me chercher quelque
chose et revenait, à chaque fois je redécouvrais d’elle la fascination d’un
nouvel attrait. Quelque chose en moi montait irrésistiblement. De grandes baies
vitrées et puis la pluie. A l’étage elle s’occupait aussi de l’hôtel et de cette
immense salle grouillante de personnes, de musiciens où je devais absolument
récupérer un film avant de repartir, je me débattais, je disais des mots clairs
pour répondre à la curiosité afin qu’on me laissa passer, je jouai des coudes,
je ne sais plus trop. Il pleuvait toujours. Je voulais l’embrasser mais mes
lèvres glissaient toujours dans son cou, un lit de rivière chaud et humide. Je
ne pouvais plus rentrer chez moi. Il pleuvait trop fort.
Sa journée enfin terminée, dans mon rêve devenu rêve d’éponge
et de peignoir tout doux, elle me glissa à l'oreille les mots
magiques que j'espérais : « Attends-moi, je vais prendre une douche. »
Je me suis réveillée.
J’ai même attendu quelques secondes toute hébétée au
milieu de mon lit.