mercredi 21 novembre 2007

un amour de grue

Nous étions assises sur le banc Ariaga et moi, sous nos regards amusés Jeanne jouait à courir le long des vagues déchaînées. D’ici quelques minutes elle reviendrait s’asseoir entre nous deux, les cheveux ébouriffés, le minois frais et humide de cet air malicieux qui nous faisait sourire.
Nous discutions de choses et d’autres, j’avais sorti mon carnet à croquis pour montrer à Ariaga mes tous derniers mandalas puis nous regardâmes quelques photos dans la revue de l’esprit alchimique…et ce fut perdues dans nos rêves que nous relevâmes la tête : elle n’était plus là !
Alors nous décollâmes du banc littéralement, hurlant Jeanne à la mer, aux vagues déferlantes, nous courûmes tout le long de la plage lorsque épuisées, à bout de souffle, à bout d’espoir, nous entendîmes une petite voix venue du ciel.

« Je suis là… »

Et nous l’aperçûmes enfin, après avoir tourné les yeux de tous côtés, grimpant sur la plus haute des grues de la cité phocéenne.
Notre sang ne fit qu’un tour, qu’un tour, enfin deux… J’entrepris l’ascension périlleuse, la tour de fer tremblant sous mes pieds, ondulant sous la force du vent…et ce fut là que serrant Jeanne entre mes bras, réfugiées dans la cabine de pilotage que j’eus la révélation de ma vie…J’étais tombée à la renverse amoureuse… d’une grue.
En bas, Ariaga affolée ne nous voyant plus s’était mise à crier les mains en porte-voix :

« Potin…potin…mais vous faites quoi ? »

Et c’est depuis ce jour-là que toutes les grues s’appellent Potin…


Photo :
Jeanne

2 commentaires:

  1. Cela m'a bien amusée de trouver ce texte en "fouillant" sur le blog. Nostalgiques bises ...

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  2. C'était le temps des bancs...et des délires...quoique...ce temps ne me semble pas forcément révolu.
    Bises du haut des brumes...

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