mercredi 28 novembre 2007

chez nous


dans notre igloo
il n’y aura que nous

nos deux peaux d’or glissées de l’accord
de la nuptiale chaleur de nos deux corps

les nuits nous vivrons de l’amour
et le jour de la blancheur épaisse tout autour

dans notre igloo
il n’y aura que nous

nos trente deux mille bras l’autre de l’une
emmêlés sous les fourrures de chacune

les nuits nous chanterons la lune
et le jour nous rirons de l’ourse brune

dans notre igloo
il n’y aura que nous

les quatre mains de notre mur de glace
les blocs de notre force que rien n’efface

les nuits nous brillerons de lumière
et le jour nous rêverons d’une nouvelle ère

dans notre igloo
il n’y aura que nous

perdues à la dérive d’une banquise
au silence de nos flèches permises

les nuits nous découvriront promises
et le jour nous tuerons la bête par surprise


dans notre igloo jeannoue
il n’y aura plus que nous

mercredi 21 novembre 2007

un amour de grue

Nous étions assises sur le banc Ariaga et moi, sous nos regards amusés Jeanne jouait à courir le long des vagues déchaînées. D’ici quelques minutes elle reviendrait s’asseoir entre nous deux, les cheveux ébouriffés, le minois frais et humide de cet air malicieux qui nous faisait sourire.
Nous discutions de choses et d’autres, j’avais sorti mon carnet à croquis pour montrer à Ariaga mes tous derniers mandalas puis nous regardâmes quelques photos dans la revue de l’esprit alchimique…et ce fut perdues dans nos rêves que nous relevâmes la tête : elle n’était plus là !
Alors nous décollâmes du banc littéralement, hurlant Jeanne à la mer, aux vagues déferlantes, nous courûmes tout le long de la plage lorsque épuisées, à bout de souffle, à bout d’espoir, nous entendîmes une petite voix venue du ciel.

« Je suis là… »

Et nous l’aperçûmes enfin, après avoir tourné les yeux de tous côtés, grimpant sur la plus haute des grues de la cité phocéenne.
Notre sang ne fit qu’un tour, qu’un tour, enfin deux… J’entrepris l’ascension périlleuse, la tour de fer tremblant sous mes pieds, ondulant sous la force du vent…et ce fut là que serrant Jeanne entre mes bras, réfugiées dans la cabine de pilotage que j’eus la révélation de ma vie…J’étais tombée à la renverse amoureuse… d’une grue.
En bas, Ariaga affolée ne nous voyant plus s’était mise à crier les mains en porte-voix :

« Potin…potin…mais vous faites quoi ? »

Et c’est depuis ce jour-là que toutes les grues s’appellent Potin…


Photo :
Jeanne

deux ou trois étincelles


J’ai au fond du cœur deux ou trois étincelles de celles qui rallument le bonheur si promptement au contact de la chaleur de quelques mots, quelques fois, quelque ailleurs où un jour tu me liras. J’ai pris toutes ces lignes, tout ce temps pour empiler les bûches de la vie, de nos futurs hivers, lorsque toutes vieilles nous grelotterons au coin du feu de ne pas avoir su nous comprendre mieux, dans ce temps perdu à nous méprendre sur les causes de notre mésentente.
J’ai au fond du cœur deux ou trois lueurs de celles qui me replongent instantanément dans les bras de l’amour, lorsque je te vois sourire et sourire encore les yeux débordant du plaisir de quelques mots, quelques fois, quelque part où que tu sois, je serai là à prendre toutes les lignes du temps pour de nouveau te convertir à nous qui nous désire et nous attend.
J’ai au fond du cœur deux ou trois gouttes de toi de celles qui s’agitent, qui s’électrisent passionnément, survoltées de ton parfum dans le creux de mes mains, les soubresauts sous les caresses intemporelles de toutes ces phrases qui s’alignent et te dessinent fidèle aux souvenirs de notre désir mutuel, sans plus un mot, sans plus une fois, sans plus un temps à nous regarder face à face dans les années qui passent.
J’ai au fond du cœur deux ou trois larmes, je ne sais plus très bien, de celles qui suffisent à me noyer dans l’éternel chagrin de porter toute la vie le deuil de notre amour, lorsque tu pars me laissant seule dans le silence de la chambre, celle-là même où nous nous aimions brûlantes du feu qu’ensemble nous avions allumé dans le foyer de notre corps, de lettres et de mots, et de voyelles encore à consumer jusqu’au demain de te retrouver, où que tu sois à mes côtés.

J’ai au fond du cœur deux ou trois étincelles…de celles qui pleurent mais qui jamais ne s’arrêtent parce que je t’aime.

vendredi 16 novembre 2007

La voix d’Aslé

 


 

elle a dit regarde moi
alors je l’ai regardée
elle a dit écoute moi
alors je l’ai écoutée
elle a dit embrasse moi
alors je l’ai embrassée
elle a dit pas sur la joue
alors j’ai fermé les yeux

et peu… j’ai vu tout en bleu
c’est pas bien
les affiches sur les murs

elle a dit touche moi
alors je l’ai touchée
elle a dit pas du bout des doigts
alors j’ai plongé

et pan… j’ai vu tout en blanc
c’est nul
les écrans tactiles

elle a dit viens avec moi
alors je l’ai suivie
elle a dit dépêche toi
alors j’ai couru
elle a dit tu as vu
la superbe belle grue

et bouge… j’ai vu tout en rouge
c’est môche
les chiens sur les trottoirs

elle a dit détends toi
alors je me suis détendue
elle a dit allonge toi
alors je me suis allongée
elle a dit ne pense pas
alors j’ai dit comment je fais
et elle a dit c’est simple
je vais me taire

et croire… j’ai vu tout en noir
c’est plein d’évidence
les voix parfois

ALORS ELLE S’EST TUE

[…]

elle n’a pas dit regarde moi
elle n’a pas dit écoute moi
elle n’a pas dit embrasse moi
elle n’a pas dit touche moi
elle n’a pas dit dépêche toi
elle n’a pas vu la grue non plus
les gens qui couraient dans la rue
l’affiche bleue de la femme nue
non elle n’a rien vu
de tout ce qui a disparu
alors j’ai marché comme j’ai pu
en écoutant seuls mes pieds nus
s’écorcher au son d’un mal entendu
et puis une fois le soir venu
devant la vitrine de tous les invendus
j’ai embrassé mon pauvre regard perdu
les yeux tournés dans mon corps inconnu
j’ai compris que la voix ne reviendrait plus

[…]

mercredi 14 novembre 2007

alors les mots ?


les mots les mots vite venez
j’ai besoin de vous libérer
partir loin d’ici m’évader
parce que je vais en crever
si je ne peux pas m’exprimer
sortir du cri du mal aimé

les mots vite vite venez
sans vous je suis abandonnée
au triste sort de l’enchaînée
à une vie trop ordonnée
qui décime ma volonté

les mots les mots vous comprenez
tous mes doutes sur la beauté
de notre monde à discuter
le trouble qui s’est installé
à la table de mes pensées

les mots vite j’ai faim venez
c’est le lundi de l’angoissée
qui vous en supplie revenez
me laisser rêver me parler
de l’avenir à retrouver
du passé à faire imploser

les mots je vais vous expliquer
vous êtes ma nuit étoilée
le contraire de mes journées
le feu qui brûle d’éternité
vous êtes l’astre à sauver
la lumière d’où je suis née

les mots les mots les mots venez
car ensemble on va s’amuser
jouer de la face cachée
se couvrir de l’absurdité

dites les mots vous m’écoutez ?
dans le silence à partager
ce sont nos rires à résonner
et de la vie à s’épouser

prenez ma main allons danser
les mots les mots les mots riez
valsez enlacez délassez
le reste du temps allumé

le vent les mots le temps le saut
les mots le saut le temps le vent
et vole dans le temps Aslé
au pays des mots retrouvés
Le ciel sourit gris argenté
les arbres nus plissent leurs ramures.
Il tombe une lumière triste et froide.
Sur la terre noire en sommeil
un chat sauvage file sur ses gardes.
Seule la montagne de scories
s’illumine de la vie automnale,
des boulots et des charmes,
des pointes de promeneurs
venus d’une beauté d’ailleurs.

jeudi 8 novembre 2007

Ma fourmi et moi …


Plus grand qu’une fourmi ?
Deux fourmis.
Mais alors que dire ?
Si tu veux grandir ?
Amour débutant.
Plus grand qu’une souris ?
Deux souris.
Plus grand que moi ?
Toi et moi.
Plus grand que nous ?
Deux fourmis.
Plus grand que deux fourmis ?
Toi et moi dans nos bras.
Et plus grand que ça,
Je ne vois pas.


(J’ai retrouvé ça dans mes vieux cartons d’Aslémita…je souris… dans la série : Moi et Mes)

mardi 6 novembre 2007

Jeannoue


J’ai parlé à l’arbre, je lui ai dit : remercie Jeannoue pour les mots doux entendus cette nuit. Alors il a pris l’ombrelle, la belle ombre sur elle, il a dansé avec elle sur les toits de la ville en aquarelle et puis au lever du jour sur le mur il s’est posé en toutes petites pierres d’amour à caresser des yeux pour toujours…
Prise de vue : Jeanne

dimanche 4 novembre 2007

Dans le secret des mots


endogène exogène
pathogène
indigène collagène
lysogène halogène
allogène homogène
cryogène gazogène
fumigène
antigène kérogène
phytogène
endo exo patho indi colla lyso halo
allo homo cryo gazo fumi anti kéro phyto


archimède andromède
agamède diomède
palamède
intermède
archi andro aga dio pala inter
si la bella catarina volare decantare le guista

nécrobiose
spirillose
spondylose
anastose
si sous le symbole de l’efficience
les mots se perdaient en toute connaissance
j’apprendrais les pages du dictionnaire
dans l’art compliqué d’un faux abécédaire
qui n’aurait d’utile que de détendre
l’imaginaire capillarité d’une soif d’apprendre

associer
dissocier
formuler
reformuler
engager
dégager
prendre
entreprendre
arroger
déroger
je jure pour conjurer le parjure
je joue pour déjouer le joug
je crie pour décrier le cri
je tourne pour détourner le tour
je pleure pour déplorer les pleurs
je biaise pour débiaiser le biais
je compte pour décompter le compte

si tu es belle tu sauras m’attendre
si tu es tendre tu sauras comprendre
héponyme
antonyme
anonyme
synonyme
pseudonyme
abdalomyne
…et ville de nîmes

je nie pour dénigrer le gris
je prie pour endosser le prix
je vis pour écouter la nuit
je lis pour éviter le bruit
je crie pour allumer la scie
je suis pour libérer l’ennui
je suis la réponse d’une passante gelée
qui cherchait avant d’affronter l’été
dans le plus pur secret d’un signe fléché
blanc de la fonte des mots si mal gardés
l’absolue certitude de s’être bien trompée
sur le conte embolique de l’éternité…


oui appelez-moi Marquise Aslé et rendez-vous au Chat Beauté ! je vous expliquerai dans les tarots givrés de l’absinthe dégrisée, comment je suis arrivée à la conclusion d’une note échappée d’un petit cahier d’écolier…
ah !!! je ris !! JE RIS ! Quel diable m’a donc piquée ! Cette satanée mouche sur le clavier.