jeudi 30 octobre 2008

le voyage


Tu partiras seule, portée par les semelles du vent, tu t’emporteras loin de la grève, là où la terre furieuse pénètre la mer avec la violence de l’amour pour reprendre tous ses morts.
Tu en sauveras encore des araignées perdues, des araignées du soir, celles tu sais qui ne t’ont pas vue les sauver dans le petit matin parce qu’elles avaient trop de chagrin.
Je tisse Jeanne la toile de tes mots silencieuse quand s’allonge enfin le soir de ta voix douce et amie. La peur s’éteint.Tu seras là le visage ange de l’océan, tu iras riante de la force confiante de ton voyage solitaire, celui de ton bout du monde, ce toi qui se lira toujours à tes côtés.Lire et délier les ailes des mots pour ne jamais s’oublier.
Je ne suis que la fille du vent, j’entends bien ou j’entends mal mais je t’entends ma douce Jeanne et je souris de tous ces bleus d’Iroise parce que tu m’enverras des cartes postales…tu me l’as dit…
ce départ annoncé.

lundi 27 octobre 2008

soyez beaux



soyez beaux
soyez belle et beau
soyez l’innocence
soyez les plaines de l’enfance
les disputes enfantines
la craie au porte-mine
soyez amants
toujours aimants
soyez la lune
la mer cachée des dunes
soyez le premier matin
de vos deux mains
soyez beaux
soyez l’amour
la force des beaux jours
soyez tendres
de vos corps à s’entendre
soyez votre île
du lit de votre elle de votre il
soyez le jeu qui vous unit
bandez les yeux de votre nuit
soyez beaux
respirez vous de votre peau
laissez couler les flots
débordez vous de l’eau
de l’autre prenez le goût
soyez beaux soyez vous
gémissez de vos batailles
le ventre nu contre un soupirail
soyez cruelle
sachez la prendre en elle
soyez beaux rouges du feu
de vous écrire vous deux
soyez le soleil embrasé
plongé dans les entrailles de l’apnée
retenez-moi un soupir
soyez beaux de vos désirs

soyez belle mon étoile
soyez le ciel qui la dévoile
soyez celle qui mène aux brebis
soyez le loup blanc de la bergerie…

jeudi 23 octobre 2008

A dos de chameau


mise à part mise et passe
vole épars et vole tard
gare aux mots égare les faux

les bulles noisette
bouleversent l’automne
je hante
les hautes herbes de l’atrium
je vais mal
et je vais bien
je tire la langue
je fissure
je délure
je minaude

les verbes se décrochent

j’ai des soupirs et des soupirs
je voudrais dire
voudrais tenir
entretenir
faire dérailler
le feu de l’âtre
la flamme dans tes yeux
la femme dans tes je
la reine des eaux bleues
la belle des jours heureux
la terre au ventre creux
la source de tes cheveux

le ciel me baigne
je crie j’entraille
attrapée de la faille
je t’aime au corps à mot
j’ai
et je n’ai rien
quand
quand ma tête se vide
au fil des heures
et que ma peau se fait grise

j’ai des goûts
de jamais dans la bouche
des envies de pleurer
une épaule de nuque bloquée
la fatigue m’intrigue d’ennui
tant
que je ne crois plus
pouvoir soulever les mots noirs
je me sens pochoir
pochée d’eux brouillée
fond de poche détricoté

des billes roulent
plates
mes oreilles s’éteignent
l’amour me fuit
je fais ba be et bi
et tout se mélange
je ne trouve plus ma vie
plus un souffle
que celui d’être partie d’ici
(…t’as fait quoi au soutien ?)
(-le jeu des trois sorcières.)

(-beu meu reu.)
(-j’ai cru l’avoir perdue.)
(-j’ai tout gagné les points.)
(-je me suis mort fondue.)
(-j’ai eu un bon point.)


(-j’ai serré dans ma poche l’arc en ciel.)

samedi 18 octobre 2008

Depuis quand...




Depuis quand on se le dit
Que l’on s’aime dis ?

Depuis quand ces papillons
A te lire Jeanneton ?
Depuis quand le premier rire
A se tordre de plaisir ?

Depuis quand on se le dit
Que l’on s’aime dis ?

Depuis quand dame Jeanne
Ce doux bonheur de femmes ?
Depuis quand cette chaleur
Qui vibre fort dans mon cœur ?

Depuis quand on se le dit
Que l’on s’aime dis ?

Depuis quand j’aime Marseille
Le canal qui m’émerveille ?
Depuis quand j’ai du soleil
La nuit quand je me réveille ?

Depuis quand on se le dit
Que l’on s’aime dis ?

Dis-le moi dis-le moi
Dis-le moi mon amour
Dis-le moi dis-le moi
Que c’est depuis toujours

vendredi 10 octobre 2008

jour & nuit ®


Lettre à N. (deuxième version)

« j’ai débarrassé les poussières de mon âme
pigmenté mes yeux d’un ciel plus bleu
ouvert en grand portes et fenêtres
et puis soufflé tout le vieil air
qu’emprisonnait ma gaine d’oxygène

j’ai fait le ménage dans mes idées
jeté toutes celles que j’avais déjà eues
je me suis sauvée d’avoir la tête vide
pour m’emplir de ce qui n’avait jamais existé
et j’ai bien fait car j’ai atteint la liberté

j’ai pris le crayon que j’ai créé
couvert ma peau de mes signes inventés
je me suis lue seule à me comprendre
vivante de mon monde étrange
le mien inviolable de mes sensations

j’ai laissé la torture à l’encre et au papier
la torture jaillie de ne pas pouvoir écrire
comme ce qui se lit pour être compris
avec des mots combinés sur mesure
j’ai écrit pour moi qui me ressemble

j’ai écouté ce qui poussait en moi
tout ce que mes sens me guidaient
de vivre sans en souffrir
et puis d’aimer chaque jour me voir vieillir

je n’ai plus cherché à comprendre
à me comprendre à expliquer
j’ai cessé d’attendre après le passé
j’ai débarrassé les poussières de mon âme
et j’ai brûlé l’échelle qui mène à nulle part

j’ai fait le grand si grand ménage
qui coupe les attaches au monde vivant
qui resserre ce que je suis
libre d’être liée à moi
et libre de respirer l’air que je respire

j’embrasse mais plus les ombres
j’aime tout court
ceux qui m’entourent
la lumière qui m’attire
et les lèvres chassées de l’éternel
car j’écrirai toujours
du moment que je respire »
                                      Mary Des Brumes

dimanche 5 octobre 2008

Comme de la Polynésie dans les yeux




mes bras serrent l’ombre de ton corps contre moi
sous mes lèvres court le parfum invisible de ta peau
et ton coeur qui bat se fait l’écho du mien
des danseuses nues tombent du ciel enlacées
le long de rubans rouges tournant de mille bras
je prends du rêve dans les frissons de tes mots
le silence dans ce qu’il a de plus beau
la chaleur de tes émotions pour m’endormir