vendredi 30 mars 2012

Ixtremegold (9373)




Adieu mon bel écran de deux mains et demie sur trois.

 De mie de pain fraîche et tendre, je passe à la biscotte sans faim.

Ça ne fait pas mourir. Mais ça ne donne pas envie. Envie d’écrire. L’habitude est cassée. Plus d’albums photos à regarder, plus de films à télécharger, plus de flux à consulter…Qu’est-ce que c’est bête quand même ! C’est comme si mes nouvelles lunettes ne m’étaient plus utiles.

Alors je fais écrire les loupiots sur le blog de l’école. J’essaie de m’effacer  un maximum, mais les écrans sont tellement grands…et les claviers si agréables. Je relis avec eux leurs textes aux si jeunes lignes et je sens mes tics d’écriture revenir…surtout ces espaces  aux virgules…Nonchalamment,  parce que mon métier m’a appris beaucoup de retenues, d’écoutes pour saisir le bon moment, je me  penche par-dessus leur tête et tout en expliquant mes doigts courent sur les touches. Trop vite, alors on rit, trop vite et j’efface pour remettre d’autres lettres à leurs places. Trop vite. L’horloge tourne. Mais ça n’est  pas que ça.


mercredi 21 mars 2012

No wave


Je vous écris depuis la chaloupe 47, le navire qui me transportait est resté bloqué à la douane des affaires maritimes. Une cargaison clandestine. Depuis je rame à la main, de mes deux mains, à la sueur de mon ambition.  Je dois tout faire, mais que la lenteur des choses est agréable aussi. C’est curieux, ça me fait l’effet d’être sourde, je n’entends que le silence de mes paroles et le crépitement des touches de ce clavier en bois de bambou, sec  et à la fois doux. Comme un mélange de saké et de vodka élaboré au sirop d'ananas anisé

lundi 5 mars 2012

Je ne ferai rien de l’élan qui pourrait briser la glace.


photo de Claudine de Faÿ

Apprendre, toujours apprendre à laisser passer l’émotion. Cette vague à perdre, à prendre. Si elle est bien réelle, alors elle reviendra plus douce, plus amène de me porter plus loin. Je ne veux plus la perdre comme l’absence des étoiles quand elles brillent au plus fort. Je veux garder cette fulgurance, ces mots tapis au fond de moi qui surgissent tel un diable du printemps sorti de la boîte de l’hiver, mais je ne veux pas les flammes du message qui s’effacera de lui-même en une éternelle poussière. Garder l’impatience, contraindre le cheval fou qui m’habite à être le moins fougueux possible, pour que la course soit longue, pour que la cavalière soit rassurée de mes pieds déferrés, qu’elle sente que courir les pieds nus est le plaisir de la vague qui ne touchera plus jamais le sol…jusqu’au lac de mer cerné de terres sauvages. Mais déjà il pleut, une danse de pluie qui coule sur mon visage d’iroise, si douce d’heureux présages que je ne sais plus que dire. Le silence des mots m’envahit. J’enferme dans mes poches mon unique bagage : mes mains qui me laisseront partir la bride au loin.
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