dimanche 25 novembre 2012

Le soleil était tout tordu


C’était le matin, un lundi matin de tous les jours de la semaine, un jour d’automne pas encore né de la dernière nuit et de sa belle mort instantanée, un jour à grandir où je pouvais décrire les ombres qui m’entouraient comme étant vierges de toute couleur affligée, désespérée et désespérante, de la pâleur et de la morosité qu’engendrent l’ennui de n’avoir rien à inventer.
Je pensais à toi, à l’aube d’un nouveau jour au lac si proche et si lointain, à toi que je ne pouvais saisir ni dans mes mots, ni dans mes bras, et surtout pas dans mes mots puisqu’ils me faisaient tant défaut pour t’approcher aux premières lueurs de notre amour.
J’étais seule cachée derrière le mur de l’enceinte, je fumais une cigarette en attendant les premières voitures, la Lune était posée à moitié endormie sur les brumes du silence et de son monde invisible, et si j’étais là heureuse c’était bien parce que tu me manquais dans cette vie qui n’en finissait pas…. (et là impossible de trouver le bon mot, peut être que ce sera toi qui me le donneras)
 

samedi 17 novembre 2012

Quand Mademoiselle et Mondemoiseau deviendront égaux.

La première des égalités c’est que tous enfin m’appellent Madame et laisse le Mademoiselle dans la boîte des souvenirs de mon enfance avec mes robes en dentelle, mes longs cheveux blonds en anglaises encadrant ce visage toujours fermé de photo scolaire.

Quand je pense que toute mon adolescence et encore bien des années après on m’appelait Monsieur, combien j’en étais vexée aussi parce que je me sentais invisible alors que tout ce que je voulais c’était être bien dans mon moi et son apparence… Alors me faire resservir du Mademoiselle à l’entrée du monde du travail par les grands et les petits…
Ce Mademoiselle est allé un temps, contre mauvais cœur faisons bonne grâce, mais à l’arrivée des premiers cheveux blancs, il sent la vieille fille qui vit dans le moisi d’un appartement avec deux ou trois chats qui s’appellent tous Mistigris… numéro 1, numéro 2, numéro trois… (je rigole là !)
Tout ça pour dire qu’un véritable changement prônant l’égalité des deux sexes est déjà en marche, et que des Madame pourront se marier, sans être restées jusque là Demoiselle…
Déjà cela a commencé oralement avec la grande instance hiérarchique qui supervise ma profession, et vraiment ça fait du bien d’entendre « Bonjour Madame Aslé », puis ensuite dans tous les courriers qui émanent de mon administration, ce Mme Aslé qui me fait l’égale de ma mère, j’en suis fière…bête à dire, mais c’est comme si enfin j’avais grandi.
Voilà Madame, Monsieur…en attendant vos propositions pour l’abolition de la fameuse règle « Le masculin l’emporte sur le féminin »…je retourne vaquer à mes (pré)occupations   ;)
 

jeudi 15 novembre 2012

La maîtresse sensée alter

Enfin une bonne journée, sans doute d’une manière quasi-certaine parce que je ne me suis pas mis la pression… ce qui s’appelle pour moi « prendre le temps » du temps de l’instant. Je ne me suis pas énervée, angoissée, culpabilisée, j’ai laissé se dérouler les événements, en donnant un petit quart de tour de gouvernail de-ci de-là : c’est agréable de dériver en eau calme mais quand même il faut être vigilante aux écueils et autres récifs pour éviter l’inéluctable débordement.
photo sauvegardée
C’est vrai qu’un minuscule trou dans la coquille peut vite se transformer en inondation de la salle des machines ; mais je ne peux pas être sans arrêt en train de colmater des microfissures qui peut-être se seraient rebouchées d’elles-mêmes.
Une bonne journée, où je pense que tout le monde fut gagnant. Ce n’est vraiment pas pour me vanter, mais simplement pour que cela pèse dans la balance du bon côté, cette balance dont je devrais me souvenir qu’elle est en fait perpétuelle et pas un fuseau de Greenwich qui se remettrait tous les jours à zéro.
Je me devais de marquer cette journée d’une pierre blanche et j’espère qu’il y en aura d’autres, je ne vais pas dire beaucoup, mais quelques-unes quand même, pour moi, juste pour moi, pour me rassurer, pour m’assurer sur le passé et l’avenir, pour me donner un réservoir plein de confiance vers la route qui n’est pas encore tracée.
 

mardi 13 novembre 2012

Un petit sourire de cinq mots pour te dire Merci.

Cela fait des années que je n’ai pas mangé de brocolis, je ne sais même plus le goût qu’ils peuvent avoir, si même ils en ont un. Autant je me souviens parfaitement du sucre de canne marié au rhum et au citron pressé, cette confiance chaque fois renouvelée, tant mes papilles prenaient le dessus sur les conséquences d’un verre ou deux ou trois. Mais un soir, alors que le train de l’ivresse s’ébranlait encore pour arriver dans cette même gare sordide qui s’ouvrait sur ce panneau bleu auquel manquait toujours la même lettre, une femme sortant de la loco avec un brocoli sur la tête et armée d’une canne, se mit à vociférer qu’elle venait de perdre sa lettre de confiance…C’est depuis ce jour-là que j’ai arrêté les brocolis et les voyages en train pour la Martinique.

mardi 6 novembre 2012

Le ciel ?

Il arrive qu’il ne soit que l’œuvre d’une feuille blanche bien pliée selon des règles ordonnées. Mais pas toujours, car au plus fort du système des mystères intérieurs s’écrivent en lignes croisées des signes qui ne peuvent pas tromper.
Ainsi je déplie le rectangle de ce qui devait être une route toute tracée pour créer le bonheur éphémère d’une feuille ronde en papier, et me voici surprise par des éclairs, des traces en fusée qui définissent de nouveaux fuseaux horaires, des griffes de grilles profondes qui se délient dans l’atmosphère, pour me souffler qu’il n’y a pas vraiment d’heure, vraiment pas d’heure…pas d’heure pour comprendre que la Terre est ronde et qu’être libre de la vie c’est pouvoir garder les yeux ouverts sur l’infini…
St Valery sur Somme août 2010
 
 
Comme une étoile au milieu de la nuit, comme une feuille de l’arbre qui s’est enfoui.