samedi 27 septembre 2008

« dans un jardin… » (1)




« Je faisais des lettres, formant des phrases étonnées l’une de l’autre, je me taisais, lisant le chuchotis de leurs ombres sur le sol, jusqu’à ce que, une fois toutes parties, les chaises libres s’abandonnant au soleil de midi, s’éparpillant adroitement selon les règles du temps bien établies, je me laissai(!) prendre au jeu des lignes bien écrites…Je soupirais, le silence était beau, la belle saison s’annonçait, le vert jaune épuisé abandonnait sa demeure aux chaudes couleurs de l’automne. Je me noyais dans les rayures du soleil, j’écrivais assise dans l’herbe loin de la morsure du fer et de l’annonce future de l’hiver.
Les mots jouaient de la musique, les chaises dansaient, le maître du corps du ballet c’était moi, j’étais la fille du jardinier abandonnée à ses rêves…je croyais que j’étais folle mais je m’aimais me déliant les lèvres sur ce carnet, croquant rouge la pomme comme les ciseaux, comme une danseuse nue échappée de l’opéra des fleurs…je délirais un peu, tout juste un peu, une larme de bonheur volée au regard du temps.
Mes yeux étaient au ciel, les chaises s’étiraient en une longue ligne verte et qui tirait et s’étirait gagnant mon sommeil. Le crayon tombé, je dessinais sur l’azur cotonneux, je dessinais un poème, à la main gauche du pinceau offert d’une flibustière, et de rêve je parcourais l’océan des tendresses arraché à la forteresse d’un tissu de bure, de celui qui masquait ses épaules, sa chair et puis son sein…la preuve au tableau de son corps qui était le sien.
Personne ne comprenait.
Je faisais des lettres. Je formais des phrases étonnées de moi-même… Alors je me taisais en écoutant les chuchotements et j’écrivais.
J’allais au jardin à la fin de l’été, parfois simplement je comptais les chaises pour m’acquitter de l’intelligence à dénombrer ce qui ne se comptait pas et puis la plus part du temps je m’échappais, ne résistant pas bien longtemps lorsque toutes les chaises quittées, à pouvoir enfin laisser libre mes pensées… »

                                                                                                                                                                                 Asl& Des Brumes
photo inspiratrice : Jeanne

mardi 23 septembre 2008

A la couleur du cahier




nulle assombrie

les mots respirent
les syllabes claquent dans les rires
proches moments
les voix résonnent
la parole s’étend et puis déborde
les mains reprennent tout bas
les mots s’écrivent
un portable sonne
je mime mes poches
je ne dis rien
c’est juste le mien

dans cette grande pièce vide
un balai s’étonne
d’entendre les grains de poussière
entre les o les a qui se soulèvent
les é du micro-ondes mal dessiné
les je pourra montrer à ma mère ?
et le ma mère est en voyage

la lune est au milieu des images
madame tu es belle
ta voiture est belle
bel-le
je saute imaginaire à pieds joints dans le cerceau
deux



on a fait trois travail
?
!?
bien plus je crois
mais je ne dis rien
la grille se referme jusqu’à demain

un jour les fées se pencheront sur tous les berceaux
elles donneront une maman et un papa
qui n’ira jamais en prison
une maison aux enfants qui n’ont que l’école
pour dessiner un toit

parce que demain
du haut de mes six ans
j’ai tribunal
que j’ai rendez-vous avec ma psy
ou que je vais chez ma mère
et même si peu
que tout sera à refaire
de soir en soir
jusqu’au jour…ce jour
ce jour qui existe
je crois
sinon j’aurais laissé mon coeur au vestiaire
et regardé tourner ma montre à l’envers

jeudi 18 septembre 2008

…à la Lune




zone sas d’échanges
une voiture sur un parking
fermeture des yeux
réouverture sur l’autre je
le doublé gagnant
dans l’autre sens
madame passe avant moi
j’ouvre la portière

au première symptôme d’antinomie
toujours sourire à l’envers

des voix gonflées à l’hélium
m’assaillent de bisous
je fissure un peu de moi partout
on m’accroche aux doigts
une petite main qui pleure
si tu savais comme j’ai aussi envie de pleurer
mais ici je n’ai même plus peur des araignées

Elle est là nue dans le ciel
énorme boule de sable
mon regard balai d’essuie-larmes
se porte d’Elle
aux lèvres qui me parlent
oui il fait froid ce matin

deuxième seconde hors de la capsule
je désamorce la première adult attack
vingt-six torpilles qui dansent
n’a jamais troublé ma vigilance
je suis ici dans la trace
de ce qui soit disant n’existe pas
la faille est ailleurs
l’enfant le sait lui
que je suis Madame
sa maman pas encore
perdue au ciel d’hier
d’ailleurs
Elle est toujours là
la Lune
elle murmure des histoires
depuis le fond du couloir
des belles des vraies
des sans importance
et moi je pars un peu
mon moi tournoie jaune lumineux
mais ça ne se voit pas
ô juste un peu
si peu que je peux bien
sortir mes rires et mes sourires
pour panser tous les manques de bleu

…des milliers de secondes plus tard
qui font une journée…

zone sas d’échanges
une voiture sur un parking
fermeture des yeux
réouverture sur l’autre je
le doublé gagnant
dans l’autre sens
je passe avant madame
j’ouvre les vitres

l’air est tout chaud de souvenirs
je suis morte mais je vais écrire à la Lune
si encore demain
elle voulait de moi pour la voir
juste un éclair un croissant une miette
j’aime quand j’ai encore faim de rêves
des milliers de secondes à rougir les étoiles
mais à la nuit
quand toutes mes peluches seront endormies

...

dimanche 14 septembre 2008

tous les chats ne sont pas gris





capture photographique de Jeanne


à mi passant
à mi rêvant
je suis le chat blanc
au mur enduit de Sienne fraîche
qui cerne la cour de mon domaine
amie passante
beauté d’intrigue
( je m’offre une parenthèse
au plaisir d’une rime)
passe vite ton chemin
avant de réveiller
l’argile au corps qui dort
et d’hérisser d’un courant électrique
la ligne courbe de mon échine
déjà mon oreille pointe
de l’oblique de mes yeux
je sens mon âme féline
prête à bondir rouge furie
tu ferais mieux de te méfier de mon sourire
comme des fausses statues endormies
le cliquetis brillant de tes anneaux au vent
m’attire aussi noir et blanc qu’une pie
et si le maçon créateur m’avait coulé ainsi ?
évade moi
à mi passant
à mi rêvant
à mi vivant
et tu verras
que je suis le chat blanc
parti de Toscane
par le midi de la France
puis revenu au nord de l’Egypte
sans déroger de la boussole
qui marque toujours le pôle
ah je t’intrigue
mais non
c’est toi qui fige mon mouvement
je pose pour réfléchir à ma future carnation
à moins de me frotter des heures au mur
pour être plus feu que la nature
j’hésite si tu restes plus longtemps
aux traces de couleurs
sur l’immaculé de mon pelage
quelques hiéroglyphes poussiéreux
ou traces guerrières en vagues
de querelles d’amoureux

…aux pieds des pyramides j’ai du boire beaucoup trop de lait

amie passante
passée vivante du temps
il y a tant de douceur dans ton regard
que je ne sais plus très bien
si je suis réellement ce chat
j’ai beau me battre intérieurement
créer les remous d’un combat invisible
il me faut admettre l’étincelle
qui de toi me fait quitter la stèle
le signe de tes yeux en présage

cette nuit je serai noir
tu seras blanche
le mur sera bleu
et les étoiles miauleront
pour couvrir tous nos mots d’amour

…je souris…et puis d’un cri à la lune nous baptiserons le chat blanc qui n’avait pas de nom

je t’aime



 

mercredi 10 septembre 2008

course folle éperdue d’avant l’automne





l’été s’étire au soleil bas du jour
les cheveux blonds ont remplacé les blés
le vent s’est livré aux feuilles prisonnier
enfermé au souvenir d’une mer prise en accalmie
se mêlant aux cris appelant des jeux d’enfants
à leurs courses folles éperdues des arbres au champ

il sent si bon cet air doux et si lent à me parvenir
ce jour passager de longues vacances
ce sommeil qui me gagne à l’écouter à le suivre
à me laisser envahir par tous les mots de la rêverie

par le bleu du ciel qui m’emmène en automne
sur notre plage que j’avais choisie pour nous
immense désert de notre solitude
la caresse du soleil sur mes épaules
et tes yeux au détail si tendre et généreux
la mer était loin sans aucune importance
nous nous disions à demain
et demain il faisait toujours beau
pour nous retrouver…
je souris
pour me présenter à tes amis
tu disais
elle n’aime ni les fleurs ni les enfants
c’était vrai
mais tu n’étais ni fleur ni enfant

les enfants sont fatigués à présent
ils crient s’insultent comme des grands
un tracteur poussiéreux de vitesse
m’arrache à la contemplation de mes souvenirs
le vent est tombé j’entends le chien aboyer
tout est calme dans ma tête
juste au loin un bruit de moissons
une nuit d’été à venir en retard
je me sens amoureuse
d’un sourire tout bleu


dimanche 7 septembre 2008

alfa-bleu


des traces des taches
des gouttes des doutes
du sable et de la boue

des rides des vides
des bosses des fosses
du rose et de l’envie

des choses des grosses
défilent des lignes
du sel et de l’ennui

des routes des croûtes
des boules des boucles
du rythme à la folie

des tresses détresse
des terres des presses
du vide à l’infini

des dames des pannes
des plages des sages
du mal et de l’opale