dimanche 23 décembre 2012

JE SUIS NUL

D’où parfois l’intérêt de répéter tout haut.

Bien sûr que je n’aime pas que l’on me fasse connaître  ce qui se dit tout bas. Mais là pour une fois, le petit garçon, le copain du copain, a eu ce cri du cœur (et pas ce cri vengeur à double tranchant qui blesse à la fois celui qui n’a pas assez murmuré bas, et la personne à qui s’adressaient ces propos sensés rester dans la sphère des voisins…EXEMPLE : tu as dit du mal sur la maîtresse je vais le DIRE). 
 « Il a dit qu’il était nul. »
Il a failli repartir, en traînant avec lui durant deux semaines, ce sentiment de nullité. Je le revois tourné vers le fond de la classe et glissant son bulletin dans sa sacoche accrochée au dossier de la chaise. « Il a dit qu’il était nul. » Alors avec lui j’ai « repris » le bulletin, avec une autre approche de lecture, en détaillant avec lui toutes les choses qu’il savait faire, et en appuyant encore davantage sur cet atout qui est le sien : lire et comprendre et comprendre encore bien plus loin que ce qui est écrit.
Combien de petites voix ai-je laissé partir ainsi ?
Pourtant j’ai toujours fait attention, attention à rattraper de mauvais résultats par une appréciation encourageante, orale pour les enfants et écrite pour les parents invisibles que je ne connais pas.
Elève des écoles
Par chance il était premier dans l’ordre alphabétique, par chance pour les autres. J’en avais les larmes aux yeux à la fin, parce que toute la classe applaudissait chacun à chaque fois. C’était Noël. Et cela continuait encore dans le couloir, certains bulletins ressortaient des cartables : « Madame vous l’avez écrit en mathématiques mon point fort ? » Question assez embarrassante venant d’un petit garçon qui excelle dans toutes les matières…mais ouf oui c’était bien celui que j’avais choisi de mettre en avant…  « …parce que je suis fort en math… ». Les reines de l’orthographe avaient le rose aux joues, la princesse malheureuse des mots tordus devenue championne des verbes n’en finissait pas de fermer la bouche sur un sourire éclatant ! Alors là oui c’était bien mon Noël à moi aussi.