vendredi 28 janvier 2011

Au bonheur du jour…


Mon ouïe retrouve le sens de la clarté, tout ce silence, ces mots feutrés à longue distance et ces éclats de vent venu du sud qui s’échouent lentement sur les collines de mon enfance.

Plus de cris, surtout les miens, plus de grincements qui ne servent à rien, et plus de fausses résolutions…juste une et deux de celles qui me prennent le coeur.
Il fait présence.
Adieu saisons stridentes, l’effervescence dans tous les sens, j’entends le train qui ne s’arrête plus aux gares connues.
La foule bruyante n’existe plus.
Il souffle comme un vent d’équinoxe, si clair, si seul, la mer au loin sous les pas de sable.
J’ai de la poussière d’étoile qui flirte avec le bonheur au creux de mon oreille.
Je t’écoute.
J’étais devenue une ombre hurlante, je n’entendais plus que la raison des autres, toutes leurs raisons. Je courbais le dos pour raser et espérer enfin atteindre la surdité de mon être. Comme un manteau d’absence.

mercredi 26 janvier 2011

nocturne en la mineur suivi de la symphonie d’un nouveau jour…


j’ai peur n°41
toujours la même peur
joue moi la musique des mots
encore une fois
sur les touches à la craie de tes dix doigts
je n’entends plus la souris derrière la cloison
ni le chat qui miaule derrière la porte
je ne suis plus les tourterelles au fond des bois
je suis ta voisine n°41 ne m’oublie pas


Puis le jour s’est levé, les notes de la nuit se sont envolées, alors j’ai dit à mon ombre de passer devant, et je l’ai suivie. Dans cette salle d’attente j’ai pensé m’enfuir, il était encore bien temps, mais sur le mur il y avait ce tableau que je connaissais si bien. J’ai fermé les yeux et puis l’homme est venu me chercher pour m’ouvrir la parole.
Dehors il ne pleuvait plus.
J’ai sauté la tête au ciel.

mardi 18 janvier 2011

mon « devoir » d’amour

mon cher petit dessein orange
toi si fier dressé dans le matin
face au soleil de huit heures vingt
…je t’écris en ombres chinoises
sur les courbes de ton humeur grivoise
…et si je descendais lentement la pente
jusqu’à cette petite fleur culminante
pour y attacher mes lèvres tendres
et d’un baiser de souffre te surprendre
…descendre encore et encore
mon cher petit dessein d’aurore
poursuivre tous les paysages de ton corps
jusqu’à la source si bien cachée de ton trésor
…là où toutes les rimes enfin disparaissent
quand divine tu te noues à la langue de mes caresses

jeudi 13 janvier 2011

les mots se retrouvent toujours...



Dans la salle des mots perdus, il y a une porte que la parole ne trouve jamais parce que dans le silence elle est invisible. Mais toi tu peux la trouver, il te suffit de fermer les yeux, il suffit que le soleil dessine un sourire sur tes lèvres, il te suffit d’un cri, il te suffit d’un souffle pour qu’apparaissent de nouveau tes rêves.
Dans la salle des mots perdus, il y a des larmes qui se perdent, des envies de retour en arrière, des « si » et des « si »… et la tristesse qui t’envahit en te disant que jamais plus. Dans la salle des mots perdus, il y a trop de pensées qui ne servent à rien, à rien d’autre qu’à aiguiser la solitude.
Où est l’amour dans tout ça ? La nuit je cherche des heures ta main et puis je romps le silence en peignant sous mes paupières, ton visage, tes visages. Je te parle du bout des doigts, timidement, en m’excusant de m’être perdue dans cette salle du silence. En m’excusant parce que tu ne sais pas encore que je t’aime.

dimanche 9 janvier 2011

l’ombre et la parole

est-ce l’ombre des feuilles sur le marbre rose
celle du chêne rouge venue des portes de la forge
ou la voûte du dos de l’amiral courbée au temps reçu
ce soleil indécent sur le clocher pris des paroles
ce blanc des pierres volées aux années du château
ce blanc d’église et sa sonnaille enrouée
du glas des pas tordus sur les pavés
descendre au cimetière
descendre à la tombe qui se met à rompre
à corrompre cette vague trop lourde à porter
le nom presque le mien gravé par l’inconnu
moi qui ne disais jamais rien
voilà que je dis trop des larmes de tous nos gestes
cette chanson qui soudain me revient
celle où je remuais la terre pour planter des bruyères
quand les morts au jardin n’étaient que de simples morts
figés en sourires dans la cour du château heureux
quand mon seul souvenir vivant
n’était qu’une libellule sur un ruisseau
l’ombre de tous ces mots sortis dessous mes pieds
sous les racines fustigeant le silence de ce monde invisible
sous la lumière aveugle qui partout me vacille…
et si c’était juste l’ombre des feuilles qui me parlait

Mum.

Puisqu’il sera trop tard
que les sirènes m’emporteront
sur le quai d’une gare
comme un fantôme abandonné
aux tristes lueurs du passé
qu’à peine le temps de dire mon nom
je serai déjà poussière dans un wagon

Puisque ma tête sera bonne
Pour la téléportation
et que sur le sol résonneront
les derniers tambours de Joshua
comme autant de fois
pour tous les jours
où ma mère mourra
avant la pâque d’un printemps

Puisqu’il sera dit dans tous les livres
que je partirai glorieuse d’abnégation
que tous les bourreaux sur leurs tombes
porteront le nom de salaud
et que tous les hypocrites
retourneront la veste du pouvoir
pour se racheter une âme
au pays des mutants où ils seront maudits

Puisque ma mère est morte
une fois seulement
et que l’amour jamais ne s’éteindra
que je n’aurai jamais les stigmates
conspués de l’anarchie qui gronde
au son des voix d’une illusion

je partirai fière et sans un mot
ma carte d’adhérent
au cœur de nulle part

Puisqu’il faut des mots
en voilà
des rouges des verts des bleus
des jaunes comme une pomme
d’une solitude d’exclusion
d’un conte pour braves gens
du temps des loups
pour croquer l’opinion
de je ne sais plus finalement
tellement ça vient du bruit
d’une porte dérobée
entre deux murs sans se parler

Puisque sans tout cela
j’irai fleurir la tombe
de ma mère
juste d’une prière
parce que ma mère
c’est tout le passé qui est en moi
et que de trop souffrir
ça me tue parfois
si fort de ne plus jamais revenir
alors j’ai le souvenir
de devoir être forte et belle
pour les années à venir
que peut-être
je lui dirai comme je lui dis
c’est dur mais j’y arrive
maman
tu peux être fière de moi