dimanche 9 janvier 2011

l’ombre et la parole

est-ce l’ombre des feuilles sur le marbre rose
celle du chêne rouge venue des portes de la forge
ou la voûte du dos de l’amiral courbée au temps reçu
ce soleil indécent sur le clocher pris des paroles
ce blanc des pierres volées aux années du château
ce blanc d’église et sa sonnaille enrouée
du glas des pas tordus sur les pavés
descendre au cimetière
descendre à la tombe qui se met à rompre
à corrompre cette vague trop lourde à porter
le nom presque le mien gravé par l’inconnu
moi qui ne disais jamais rien
voilà que je dis trop des larmes de tous nos gestes
cette chanson qui soudain me revient
celle où je remuais la terre pour planter des bruyères
quand les morts au jardin n’étaient que de simples morts
figés en sourires dans la cour du château heureux
quand mon seul souvenir vivant
n’était qu’une libellule sur un ruisseau
l’ombre de tous ces mots sortis dessous mes pieds
sous les racines fustigeant le silence de ce monde invisible
sous la lumière aveugle qui partout me vacille…
et si c’était juste l’ombre des feuilles qui me parlait

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