jeudi 31 décembre 2009

Une dernière petite histoire pour terminer l’année




Le ciel allait partir. Il avait mis son long manteau noir cousu d’étoiles et pour ne pas avoir froid là où il passerait, glissé à l’intérieur de sa pelisse tout le coton des nuages, et dans ses immenses poches tout le bleu…tout le bleu.
La lune n’avait jamais brillé aussi fort pour éclairer ces dernières heures mais tout en bas sur la terre on ne la regardait pas, plus belles sans doute les lumières venues du sol, oui  toutes ces lumières, ces feux sur l’eau, ce bengale.


Le ciel allait partir. On lui avait offert une place à l’autre bout de la quatrième galaxie, deux petites planètes venaient de naître, elles avaient besoin d’un ciel pour grandir avec elles. Le voyage serait long, le voyage serait froid, mais si il avait décidé de le faire, c’est que pour cette fois il poserait ses mots dès le début.


Le ciel allait partir, la terre vivait ses dernières heures, il avait fait tout ce qu’il avait pu, vraiment, jusqu’à pleurer des catastrophes puisque les mots doux tombaient toujours dans le silence de l’évidence. Cette évidence où tout est du, tombé du ciel par enchantement. Cette ingratitude (le ciel en avait gros sur le coeur) que tout était éternel   puisque cela faisait déjà si longtemps, si longtemps que l’on ne pouvait pas recompter jusqu’au début…alors c’était qu’il n’y avait pas de fin non plus.


Le ciel allait partir. Il n’avait plus rien à faire ici. La lune brillait de plus en plus jusqu’à l’explosion, elle ne supporterait jamais sa nouvelle condition, celle d’être invisible, mais il ne pouvait pas l’emmener, elle tout comme le soleil était attachée à la terre.


Le ciel allait partir au douzième coup de minuit, comme une ombre légère dans l’euphorie de la terre, le manteau humide des larmes des étoiles, les étoiles si sentimentales, chacune liée à une âme. La bergère celle qui avait sauvé le ciel des griffes de l’ours, la plus grande pièce pour combler ce trou de vide sidéral à l’habit noir du ciel, la bergère pleurait, elle, des larmes de glace…si fort…et si fort que la terre se transformerait en patinoire.


Le ciel allait partir quand même, même si d’en bas il entendait déjà gémir les sirènes des océans qui de miroir deviendraient dès le lendemain désert de feu. Il avait tout fait, tout fait sauf de poser ses mots dès le début, il le savait, mais jamais il n’avait cru que le rôle de père de la jeune terre lui appartenait.


Le ciel allait partir et personne ne le retenait…sauf une petite fille qui avait bien grandi mais qui ce soir là encore avait mis son plus beau pyjama, celui tout noir avec des étoiles pour écouter par la fenêtre les feux d’artifice de la nouvelle année.


De sa poche emplie de coton, elle  sortit deux petites pierres rondes comme des planètes et que la lune soudaine éclaira de mille sourires rouges et bleus.


Et voilà pourquoi depuis bien des années, le ciel qui cette nuit-là devait toujours partir…



* Je remercie tout particulièrement pour leurs participations, la bergère,  la lune, toutes les étoiles et bien sûr le ciel…sans qui il n’y aurait pas eu d’histoire.
** Et puisque je suis dans les remerciements, je remercie aussi mon ordi de ne pas se lasser d’être sans arrêt déconnecté.
*** Et puis merci à toi qui me lis de ne pas oublier ce soir de remercier la lune.
**** Maintenant c’est bon ! On peut tous y aller !

lundi 28 décembre 2009

« Poétique de la respiration » d’Adèle Tsann



  

Le dernier est orange
Je respire ses lignes
Au hasard des pages
Je retrouve le chacha du thermos
Découverte de lire
De retrouver aussi
Ce parfum de roman d’elle pour île
Mes doigts passent sur les mots
Comme de l’eau sur le tréma d’un i
Je jubile aussi
De m’être fait ces trois amis
Le premier est bleu
Je le serre de mes yeux
Ce soir je vais entre les dunes
Ecouter pour moi seule
Le souffle d’une bagatelle
Aux prémices du premier
Aux délices du dernier
Au milieu d’un miroir en triptyque
Il y a parmi eux trois
Quelque chose de charnel
A portée de moi
A porter de moi
A emporter où je suis là
Et à laisser pour d’autres mains
Quand je n’y suis pas
Une âme s’imprime
Une âme s’exprime
Posée à nue sur du papier
Et les pages d’être lues
Tournées et retournées
Se gonflent du souffle poétique
Je me sens vivante et forte d’être habitée…


*Je souris parce que ces trois livres sont partis de chez l’imprimeur le 24 décembre à la Ste SiL…(l’auteure).

samedi 19 décembre 2009

un coup de bleu


Puisqu’un jour l’étoile tire de son silence le bref passage de l’existence, je caresse le ciel sans penser à demain. Le ciel, celui qui n’est pas en haut, le ciel, celui à la pointe de mes cils lorsque je respire l’horizon courbe noyé d’un bleu dans l’huile qui s’étale comme un parfum que je peins, un mélange de douceurs, d’évanescences, un fruit rouge si mûr aux saveurs tendres et sucrées. J’ai l’âme si pleine du refrain qui court sur mes lèvres et puis qui part, s’en va au loin, loin, loin à l’aube des couleurs, se glisser de larmes en pointillés rouges presqu’à s’éteindre, presque, parce qu’il renaît toujours dans le sourire lumineux d’un soleil.
Un soleil, celui qui n’est pas en haut, celui qui éclot à la pointe du désir, qui plisse les yeux en disant je t’aime et que je bois de mots, comme un pinceau absorbe l’encre des paroles d’une chanson qui s’écrira et qui s’écrit déjà de l’entendre dans le souffle de l’air.
Puisque dans l’étoile il y a le oi de toi et moi. Puisqu’un jour l’étoile tire de son silence le bref passage de l’existence, je suis au bord de la vague chaque matin, je suis aux brumes tièdes d’un baiser, je suis le bateau sur la feuille de papier prêt à s’envoler…

mercredi 9 décembre 2009

douce




douceur douce doucement
ferme les yeux en silence
lumière bleue de la nuit
sous les paupières se glisse
c’est l’heure douce des soupirs

une étoile deux et trois
poussées du ciel doucement
douceur douce du silence
sous mes paupières pétales
de rêves rougeoyants
s’irisent poussières du firmament

c’est l’heure sans heure
c’est maintenant

sous le sourire de mon rêve vivant
formant de mes yeux pour mieux la sentir
l’envolée aux bras infinis d’une sirène d’argent
qui cueille inépuisablement
la douceur douce de tous mes désirs
douce si doucement
comme s’allument les étincelles d’or
caresses du temps inexorablement

je suis au souffle chaud des aiguades
enroulée à la voile d’un bateau
une fleur rouge dans les cheveux
toute en douceur douce doucement
son rire parfumé juste se pose sur mon coeur
où je l’entends me souvenir si doucement
douce toute douce si douce de sa présence



*photo mille & un sud (jeanne)

samedi 5 décembre 2009

sans toit

 



ils vivent
les murs lumière de la prison
des rues et des rues
jamais celle de leur maison
ailleurs
tant de gens et tant de gens
les rats courent faire l’amour
des éclopés mettent fin à leurs jours
des allumés brûlent les faubourgs
des passants passent sans retour
ils rêvent et rient
des mots chauds juste pour soi
des lits en couloirs de draps
des choses comme ça
qui n’existent pas
ailleurs
qu’entre deux bras de briques tendres
d’ailleurs s’y prendre
s’y perdre et puis s’y pendre
 tanta gente sem casa

*photo empruntée à PhA®Sme

jeudi 3 décembre 2009

balbutioles et autres tiraillements



comme une coalition
il suffit juste d’être un peu faible
un jour un moment
que soient lâchés
deux ou trois mots qui font le tour
qui se grandissent en phrases
d’une mauvaise histoire
et voilà comment une coalition
se gonfle en harcèlement
un doigt multiple qui montre la porte
il suffit juste d’un moment de fatigue
d’un débordement silencieux sans contrôle des digues
d’un raz le bol un peu désespéré quand même
quand même
et c’est comme si ils avaient tous raison
la faute est là
l’erreur
la faille
le truc qui ne tourne plus rond
c’est elle
alors la pauvre âme accumule
encaisse
se noie de travail
on lui en remet encore des vagues et des vagues
au début elle croit qu’elle pourra tout
mais c’est comme une coalition
une guerre invisible d’alliances
un défi est relevé
et puis s’abattent trois cartes encore plus
et puis trois autres…
l’humiliation n’existe plus
la fuite n’existe même plus
c’est comme être un fantôme
à qui on arrache ses souvenirs
à la fin il doute même d’avoir été
il fait des fautes
et des fautes qui ne lui ressemblent pas
sa garde est tombée
le soi
l’amour propre et tout le bataclan
le bata-clan et le béta-clan
tous ces gens qui suivent la masse
c’est comme une coalition
ceux qui vous aimaient ne disent plus rien
ils s’allient au doigt multiple
ils pensent déjà à la succession
mais…
le fantôme teste encore ses résistances
son sourire est mort
il ne fait plus peur aux enfants
il se hante lui-même de ses contradictions
et… il se dit encore
partira ou ne partira pas du château de cartes ?

jeudi 26 novembre 2009




Une pièce de vitres transparentes
mon ve et toi  au milieu
un baiser
la nuit
un miroir je marche pieds nus
loin des nuages bleus
mon rêve dans tes cheveux
de l’eau qui coule sur tes mains
tu es
jasmin
tu es et tu me souris

dimanche 22 novembre 2009

histoire du petit chacal


la rutina mata
gritó el chacal en el bosque
rutin membunuh
teriak serigala di hutan
utaratibu unaua
mw
ita ya jackal katika skogar
rutina mata
b
errou o chacal no bosque
rutina ubija
plakala jackal u šumi
larou tinetu
crile cha calo fondéboa

Crie le chacal au fond des bois.

Quand je serai tombé d’un rêve, il y aura au moins tous les morceaux de moi à recoller, tous les mots à remettre dans le bon sens de cet endroit à retrouver.
Après tout ce tapage nocturne, le soleil se lève à présent, le chacal devenu muet face à tous ces o, ces a, ces ou, ces i lancés durant toute la nuit et qu’il voit s’accrocher lentement aux rayons de lumière de plus en plus haut pour, lui semble-t-il, irradier toute la terre… ouvre le dictionnaire de la géographie aphonelle. Il découpe d’un coup de griffe une page prise au hasard.
Il n’y a pas de mer, pas de sable, pas de gazelles, c’est juste un petit territoire, petit, pas perdu du monde mais encore vierge de toutes ses  aventures à lui.
Surtout il n’y a pas de bois.

mercredi 18 novembre 2009

petite chanson d’amour


le nombre est magique
il monte de petite en grande musique
il corde et serpente tout le long
quelque part perdu dans le lubéron
tout le long
de mon imagination
~
la nuit je fais des rêves aslétiques
la nuit
revient la main du nombre magique
elle écrit
à deux centimètres de mon souffle
~
une flamme de moi échappée
et puis reprise de ses lèvres
pour repartir plus loin vers l’infini
~
la nuit
je me transforme
~
je suis la femme de la quarante-septième symphonie
~
une vampire
qui ne dort jamais d’une seule nuit
~

samedi 14 novembre 2009

le brouillard des mots



il y a une déesse pour Asl&
une icône dans un coin de ciel mauve
une lumière douce et orange
le silence brouille  tous les mots
il y a une sirène au chant mélancolique
elle chante tous les tankers des océans
des drakkars géants venus de l’invisible
des porte-containers gorgés par la force du vent
des caisses de bois miraculées de bijoux incas
des neiges aux îles des sorcières de l’himalaya
et des mots des flots de mots tout de travers
qui ne veulent plus rien dire sans un je t’aime
il y a un je t’aime pour Asl&
une voix dans un coin de la mémoire
une source lointaine et bleue
un monde touché d’univers merveilleux
des choses qui se parlent tout bas
des écritures de peau qui s’envolent
des tatouages filés sur l’encre de l’eau
et l’amour qui n’a qu’une seule parole

mercredi 11 novembre 2009



sous l’âme mûre d’un bâton
un coquillage nu de l’aquilon
devint le roi des illusions
loin des prisons du tour du monde
la pluie les mots pour seuls voyages
ouvert à l’océan sans visage
ou aux neptunes de passage
il était un fameux coquillage
oublié de tous les côtés de la Terre
qu’il n’avait jamais eue au coeur fière
seul de l’endroit immobile à son hymne
une pure créature née d’un trou de mine
d’un coup de bâton bien assené
sous l’âme épure d’une albion
le coquillage nu de l’aquilon
devint sa propre révolution
un soir comme des milliers de mots
une échoppe de sable
une barque du diable échouée
un bloc de tempête en vis serrées
un automne aux tempes ingénues
un coup de bâton sur la raison
juste un mot
…juste une lettre

mardi 3 novembre 2009

la messagère de la nuit




de l’autre côté de la terre
le ciel s’éclaire orange
automne paradoxal firmament
des vahinés dansent aux fleurs étranges
dansent en tournant sur leurs talons de rêve
il fait si beau ce matin dans mes yeux
nichée au cœur des arbres frileux
à leurs pieds les miettes de leur parure morte
matin si sombre au costume des adieux
balayé par un souffle de bonheur
au plafond du gris mouton des nuages
les avions resteront sages et silencieux
celui qui passe dans mes yeux
striés de longs panaches bleus
lui m’emportera de l’autre côté de la terre
où l’hiver est l’oublié du long cortège des soupirs
un sourire sur les lagons clairs de l’innocence
le café noir se parfume de vanille
et me voilà belle et bien partie…

jeudi 29 octobre 2009

fav’ouille






je me souviens toujours que tu m’aimes
sous la lumière orange de la lampe à sel
en triangle avec l’arbre aux feuilles vertes
c’est la douceur de ta peau qui m’arrive par les ondes
je me souviens toujours que tu m’aimes
juste avant le passage perdue aux hommes bleus
avec en moi la promesse rouge de ton baiser
de ce je t’aime sorti de tes lèvres
avant de se serrer si vite
avant les larmes vers cette mer
entre gare de lyon et gare du nord
je me souviens toujours que tu m’aimes
la pierre montagne précieuse à mes pieds
m’éclaire de sa chaleur à travers le noir du sac
me garde les yeux ouverts du poids de l’angoisse
je retiens ton sourire contre tous ceux que je vois
je me souviens toujours que tu m’aimes
toi mon étoile bergère des palmiers
sur ton carnet je lis encore
l’écriture chaude des mots de Léna
je cours et je cours vers le haut du retour
je ne veux pas me perdre
je ne veux pas tomber
je prie les anges que je ne connais pas
ces hommes en bleu comme des croix
la pierre entaille mon épaule
le train ne me déchirera pas
j’entrouvre le sac noir à mes pieds
je ne rêve pas
la lampe est bien dans son justaucorps blanc
j’ai chaud j’ai froid je pleure
sur mon pouce un grain de beauté
un grain de beauté qui n’était pas là hier
je me souviens toujours que tu m’aimes

samedi 24 octobre 2009

fusion chromatique





elle avait dit le rond dans le cercle de l’eau
les yeux ouverts aspirant toute la pièce
belle qui dormait  aux cygnes blancs
son parfum flottant en vagues chaudes
qu’elle avait en elle tatoué
depuis le goût de leurs premiers baisers

sur le plafond encore vivant de la rue
se striaient des lignes de lumière
liant son regard au bonheur d’écouter
belle qui dormait aux sons venus d’ailleurs

elle entendait les murs frissonner de haut en bas
se terminer en onde souterraine rougissante
de son sourire du matin bondé par la foule du métro
qu’elle avait dit le rond dans le cercle de l’eau
des mots d’amour
des mots d’amour à belle

belle qui dormait dessous la fenêtre blanche et verte
et qu’elle suivait vivante d’insomnie amoureuse
se reposer aux rêves d’étranges portes dorées…


mercredi 21 octobre 2009

promesse

que la nuit m’abandonne
que la pluie soit la pluie
que mon coeur résonne
que le temps bruisse comme les draps
qu’il glisse de l’amour
que je sois la femme de chaque jour
ou celle que je mets dans mes mots
je suis celle que tu prends dans tes bras
il y a tous ces pas découverts avec toi
ces belles heures bleues et rouges
et qui maintenant sont à nous
dans demain aussi
plus qu’une promesse
ce quelque chose de fort et de certain
qui est celui de nous aimer

dimanche 11 octobre 2009

là où le vent



 


je passerai là où le vent est passé
soulevant les murmures du silence
j’entrouvrirai la porte aux lettres muettes
les soupirs deviendront les rondes et les blanches
d’une fulgurante absence
quand ton corps au mien
sera la main fugitive du temps
j’écrirai le présent du bateau vivant
aux courbes de l’équinoxe
enjambant de mes doigts le sable des paroles
les vagues deviendront les ailes et les îles
à la porte des voyages dépliés sur l’aurore
la mer sera de boucles et mue de l’une à l’autre
quand tout bas les âmes joueront sous les voiles
le doux présent du bateau vivant
nous serons là toi et moi


*photo jeanne

dimanche 4 octobre 2009

Toi




ma déesse inca
ma coulée bleue de chine
de toutes les encres de traverse
au chemin courbe des mots muets
je t’aime

jeudi 1 octobre 2009

…pour un euro

 


 

  
la rue sans les peupliers
la rue toute plate
toute neuve de pavés et de bitume
la rue large au trottoir avec vue
sur ce qui n’existe plus
un croisé orange à chaque angle
tout est propre
même les balais sont invisibles
un pas claudique d’une hanche
quelque chose de normal
un homme croise mon regard
des serviettes en cuir filent les jambes serrées
un couple de vieille richesse bronzée
semble être tombé d’une carte postale
la foule est ailleurs
dans le passé des rues bondées
qui remontaient jusqu’à la blanche
avec ma mère
avec mes copines
avec quelqu’un
avec moi toute seule
avec des souvenirs
c’est là à gauche
la perpendiculaire
finissant en marchands de frites et en glaces
rue de la gare
la gare
un bateau déguisé en phare
un bout de nulle part
la gare en béton devenu coups de crayon
la gare toujours pareille
toujours belle
blanche si basse et ronde
une femme allongée au bout de l’horizon
une première gare d’où l’on part
de là où on vient
…enfin
comme la gare
où il y a toujours des trains