mercredi 30 mai 2012

La peur et le désir.


C’est l’envie de me glisser dans tes mots qui me fait laisser tomber une à une toutes mes retenues. C’est le désir de m’abandonner pour que tu m’ouvres grand les bras et qu’à mon oreille tu murmures tous les mots que j’avais oubliés…

Je passe par la petite grille, les aboiements du chien du concierge m’accueillent, il fait frais mais il fera beau, la couverture grise de ces derniers jours n’est plus qu’un haillon de vieilles fibres entre lesquelles le soleil s’incline. Ce ne sera pas encore le bleu immaculé venu de Chine, mais c’est le signe quand même que l’astre de feu commence et finira cette journée.
Je traverse la cour et soudain je pense à toi. Je suis dans cet espace goudronné habité par deux vieux paniers de basket rouillés, tout est figé, comment imaginer que d’ici quelques minutes la vie me sautera à la gorge sans me laisser aucun répit, que j’oublierai tout, tout ce qui n’est pas ici, et toi aussi.
J’ouvre la porte et déjà dans ma tête je récite le code de l’alarme, le code du photocopieur, le nombre de doses pour le café…puis je transporte mes bagages jusqu’à cet antre où je vais devoir concilier les programmes avec la réalité de ma classe.
Les premiers enfants  arrivent enfin et c’est un soulagement de quitter ma tête emplie de préparations et de tableaux à renseigner.
Après je ne sais plus. C’est une autre personne qui prend ma place.
Le soir je me réveille au volant de ma voiture, prise entre deux feux, retourner à la maison ou aller à cette réunion qui malgré tout est obligatoire… ?
Je me sens « le pouvoir de décider ». Je me perds trois ou quatre fois dans cette cité que je ne connais pas, et puis je demande mon chemin…

Je ne sais pas ce que je pourrais te demander. D’abandonner cette tristesse passagère ? De reprendre là, tout au début où nous n’étions que deux femmes perdues ?
Tu sais dans ce film que tu m’as fait redécouvrir, c’est Maggie que je (re)connais le plus.
Les mots que j’attendais, que j’espérais comme un aveu enfin, se libéraient finalement en expression, en regard…et dans la découverte de leur première étreinte sur la plage.
Tu me manques. Tu me manques, en je ne sais pas quoi, certainement pas en confiance, ni en amour. Je ne sais pas, mais j’aimerais tant te demander mon chemin.

Le ciel est foudroiement bleu dans ce minuscule bureau, qui passe par deux étroits rectangles au-dessus de la portée des yeux, pourtant c’est là que je suis en ce moment, dans l’hiver d’une pièce en rêvant d’un été absolu. Finalement je ne connais rien de la vie. On décide des classes, comme sur un marché sans offre, pas assez de poissons de toute façon, on jettera le filet tout neuf et on raccommodera les lambeaux de cycles entre eux.  Il me faut de l’air, sortir, être en dehors de cette pièce prison. Peut-être qu’un jour je serai professeur des écoles. Qui sait ?
J’aurais une nouvelle voiture avec un gps intégré pour t’emmener au bord de la petite mer.

J’ai l’impression que nous jouons à cache-cache derrière cet énorme rocher de mots circulaire, nous avançons, nous nous entendons, nous nous écoutons et sans jamais reculer nous finirons bien par tomber dans les bras l’une de l’autre. Comme une délivrance. Je t’avouerai mon inexpérience à dire autrement qu’avec les gestes de mon corps ce que je ressens…
Je ne rêve pas, ni phantasme, n femme idéale, je crois juste à la chaleur qui fait se prendre les âmes soeurs entre-elles.

mercredi 23 mai 2012

Le titre s'arrête à la virgule


Au loin il y a une ligne invisible, si je le sais c’est parce que lorsqu’elle disparaît elle me manque. Sur le ciel s’écrivent des signes incompréhensibles et je ne les devine qu’une fois disparus, je n’ai pas suivi la bonne route des nuages. Au creux de ma main j’ai des sillons de terre blanche et rouge, l’avenir est fait de mains ouvertes et poings fermés. 
Photo Ariaga
La page est toujours vierge avant que les mots ne la prennent, puis l’histoire s’écrit, les virgules comblant les vides, raccommodant les souffles entre eux, un vent blanc, un vent noir mais pas de gris, un petit échiquier de silence entre chaque partie, un espace à inventer pour qui chercherait le sens absolu des aiguilles du temps.
Les virgules sont des îles qui poussent à l’envers, si tu veux savoir ce qu’elles cachent, il faut entrer à l’intérieur de la terre, passer la grotte sombre et découvrir celle où coule la source des profondeurs, baignée de lumières extra marines et maternelles, comme une répétition sans fin, la vision infinie du monde dans le triptyque d’un miroir…



lundi 14 mai 2012

Au fil des pages

Je n’avais pas choisi la table quarante et une, d’ailleurs si le choix m’eut été proposé, il est certain que j’aurais pris l’une de celles près des portes ou des fenêtres. Ce numéro pour moi était comme un vendredi treize. C’était le nombre que je traçais enfant sur la buée des vitres sans savoir ce qu’il pouvait signifier mais avec cette impression de dessiner l'avenir de ma vie en bâtons. C’était à la fois terrifiant et exaltant.

Je me suis donc assise face au miroir, laissant mon dos offert à l’inconnu, à un coup du sort inévitable, à quelque chose que je n’aurais pas pu voir arriver pour la contrer. J’étais encore terriblement assidue de mes lectures passées à m’imaginer dans un espace improbable, bien plus fine et intelligente que toutes ces personnes aux bottes poussiéreuses.

Le miroir tout piqué ne renvoyait que des éclats de lumière.

Tu es venue t’asseoir. Il n’y avait plus de miroir, plus de danger possible hors de mon regard, juste ta main qui tournait les pages pour trouver dans notre livre le point de départ.

C’est à partir de ce jour que j’ai commencé à t’écrire. Ce n’était pas encore toi, mais tu te ressemblais tellement.

Maintenant je peux le dire. Oui je peux le dire. Je peux dire qu’à la table quarante et une, j’ai parié ce nombre contre son double. Mon moi pour écouter ton cœur battre lorsque ma main allait t’offrir ce que rien ne pourrait effacer.

Mon amour.

vendredi 4 mai 2012

scrivere

Je suis rouge.

Tu dors alors que je dérive tout autour de la terre, pas une poussière de vent mais j’ai tout le temps de la nuit des mots, du plus faible au plus fort, ou l’inverse comme le soleil se couche ou se lève.

J’écris dans ma tête la berceuse des vagues. J’imagine les lumières jaunies de la ville. Tu es là derrière la vitre alors je pose mes mains sur tes yeux pour que tu puisses voir ce que je vois.

Je t’aime.

Petit soldat laisse-toi fondre dans mes bras et dis-moi que tu ne sais pas…

Que tu ne sais pas.

La couleur du bateau qui nous portera.
 

jeudi 3 mai 2012

little fly

Ca arrive parfois trop fort, trop insupportable, trop proche, trop moi, trop inconcevable, trop ultime pour dire ici. C'était un petit passage de mots s'entraînant les uns les autres, faisant les questions et les réponses. Un pompeux monologue pour cacher une toute petite chose qui me dérange, qui m'interroge, qui me fait supposer, qui me fait espérer. Un rêve ?
Ce n'était pas le bon endroit.
Me voilà soulagée, autant qu'écrire peut apporter le souffle de la liberté, gommer ce malaise qui n'avait vraiment pas lieu d'être me donne autant d'ailes pour l'avenir.
Je reprends mon sourire.
Je laisse ce petit morceau de peinture qui n'existe plus (tiens...aussi !), fruit de mes "oeuvres" lorsque la classe est sortie et que tous les pinceaux baignent encore quelques instants dans leurs pots avant de faire table rase pour préparer demain.

mardi 1 mai 2012

La Maison Bleue

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D'après une photo de Jeanne :