Les
prisons de dune s’explosaient au ciel en millions d’étoiles, et la tornade de
sable aux oreilles hurlantes de ma peur, me criait que désormais elle ne
s’assouvirait plus qu’à mordre de ses grains la surface de ma chair.
J’avançais
en rampant au vent, tout en sentant que tous mes cauchemars empliraient le cœur
de ceux que j’aimais. Je ne pouvais pas mourir, non, pas déjà cette fois,
j’avais encore trop d’amour à dire. Ma peau s’arrachait au sol, je perdais des
choses de moi, mais sans être essentielles puisque je pensais. Oui ! Je
pensais.
J’avais
déjà si peur du vide, des tunnels, des galeries, des escaliers en colimaçon, du
silence, de la nuit, que je n’aurais plus peur de la main qui me quitterait
pour toujours.
Je
pensais. Je pensais encore et encore pour ne pas m’étouffer de ce qui allait
encore sortir de moi, de ces jours sans jour, de ces nuits interminables. Je me
claquai la tête contre ce sol de poudre plus d’une fois, puis un jour, un jour
plus loin, le temps enfin se mit au présent.
Il
arriva cette antique personne, pour qui mon cœur se serrait à chaque fois que
je la quittais, qui voulut m’épouser, qui m’avait coincée entre un écran et un
clavier, ce personnage pour lequel j’avais écrit sous la dictée, écrit, les
doigts tremblants de me tromper, sa vie passée et sa vie rêvée, soupiré entre
deux baisers qui nous défiaient du monde qui nous entourait. Jamais je n’aurais
cru ce qui m’arrivait, j’oubliais les prisons de dune, le bonheur se teintait
de blanc et de couleurs, la vie coulait ponctuée de nos rendez-vous.
J’étais
ensevelie de livres, de musique, de poésies, d’Histoire, et seulement, je
transcrivais sa vie comme je pouvais, sous sa voix au début et puis ensuite
sous sa seule écriture.
Nous
savions que la mort l’emporterait, moi certainement un peu moins, j’étais son
jeune et frêle bâton qui avait retrouvé le sourire devant la vie qui s’ouvrait
devant lui.
J’avais
eu mes prisons de dune, les siennes furent encore plus terribles, mais je
vivais toujours, alors j’ai écrit toute seule mes mots, ceux que je pensais, je
n’ai jamais lu Goethe et ne le lirais sans doute jamais, Goethe c’était lui et
ses 135 ans qui me faisaient rêver à une forme d’immortalité…
« La
naïveté vous sauve la vie plus d’une fois mais l’amour aussi.»
(Longtemps après
sa mort j’ai cherché le seul livre qu’il avait publié, pas pour son contenu que
je connaissais, juste pour voir son nom, pour me persuader que je n’avais pas
rêver…)
*relu et corrigé
le 28/09/14