jeudi 29 octobre 2009

fav’ouille






je me souviens toujours que tu m’aimes
sous la lumière orange de la lampe à sel
en triangle avec l’arbre aux feuilles vertes
c’est la douceur de ta peau qui m’arrive par les ondes
je me souviens toujours que tu m’aimes
juste avant le passage perdue aux hommes bleus
avec en moi la promesse rouge de ton baiser
de ce je t’aime sorti de tes lèvres
avant de se serrer si vite
avant les larmes vers cette mer
entre gare de lyon et gare du nord
je me souviens toujours que tu m’aimes
la pierre montagne précieuse à mes pieds
m’éclaire de sa chaleur à travers le noir du sac
me garde les yeux ouverts du poids de l’angoisse
je retiens ton sourire contre tous ceux que je vois
je me souviens toujours que tu m’aimes
toi mon étoile bergère des palmiers
sur ton carnet je lis encore
l’écriture chaude des mots de Léna
je cours et je cours vers le haut du retour
je ne veux pas me perdre
je ne veux pas tomber
je prie les anges que je ne connais pas
ces hommes en bleu comme des croix
la pierre entaille mon épaule
le train ne me déchirera pas
j’entrouvre le sac noir à mes pieds
je ne rêve pas
la lampe est bien dans son justaucorps blanc
j’ai chaud j’ai froid je pleure
sur mon pouce un grain de beauté
un grain de beauté qui n’était pas là hier
je me souviens toujours que tu m’aimes

samedi 24 octobre 2009

fusion chromatique





elle avait dit le rond dans le cercle de l’eau
les yeux ouverts aspirant toute la pièce
belle qui dormait  aux cygnes blancs
son parfum flottant en vagues chaudes
qu’elle avait en elle tatoué
depuis le goût de leurs premiers baisers

sur le plafond encore vivant de la rue
se striaient des lignes de lumière
liant son regard au bonheur d’écouter
belle qui dormait aux sons venus d’ailleurs

elle entendait les murs frissonner de haut en bas
se terminer en onde souterraine rougissante
de son sourire du matin bondé par la foule du métro
qu’elle avait dit le rond dans le cercle de l’eau
des mots d’amour
des mots d’amour à belle

belle qui dormait dessous la fenêtre blanche et verte
et qu’elle suivait vivante d’insomnie amoureuse
se reposer aux rêves d’étranges portes dorées…


mercredi 21 octobre 2009

promesse

que la nuit m’abandonne
que la pluie soit la pluie
que mon coeur résonne
que le temps bruisse comme les draps
qu’il glisse de l’amour
que je sois la femme de chaque jour
ou celle que je mets dans mes mots
je suis celle que tu prends dans tes bras
il y a tous ces pas découverts avec toi
ces belles heures bleues et rouges
et qui maintenant sont à nous
dans demain aussi
plus qu’une promesse
ce quelque chose de fort et de certain
qui est celui de nous aimer

dimanche 11 octobre 2009

là où le vent



 


je passerai là où le vent est passé
soulevant les murmures du silence
j’entrouvrirai la porte aux lettres muettes
les soupirs deviendront les rondes et les blanches
d’une fulgurante absence
quand ton corps au mien
sera la main fugitive du temps
j’écrirai le présent du bateau vivant
aux courbes de l’équinoxe
enjambant de mes doigts le sable des paroles
les vagues deviendront les ailes et les îles
à la porte des voyages dépliés sur l’aurore
la mer sera de boucles et mue de l’une à l’autre
quand tout bas les âmes joueront sous les voiles
le doux présent du bateau vivant
nous serons là toi et moi


*photo jeanne

dimanche 4 octobre 2009

Toi




ma déesse inca
ma coulée bleue de chine
de toutes les encres de traverse
au chemin courbe des mots muets
je t’aime

jeudi 1 octobre 2009

…pour un euro

 


 

  
la rue sans les peupliers
la rue toute plate
toute neuve de pavés et de bitume
la rue large au trottoir avec vue
sur ce qui n’existe plus
un croisé orange à chaque angle
tout est propre
même les balais sont invisibles
un pas claudique d’une hanche
quelque chose de normal
un homme croise mon regard
des serviettes en cuir filent les jambes serrées
un couple de vieille richesse bronzée
semble être tombé d’une carte postale
la foule est ailleurs
dans le passé des rues bondées
qui remontaient jusqu’à la blanche
avec ma mère
avec mes copines
avec quelqu’un
avec moi toute seule
avec des souvenirs
c’est là à gauche
la perpendiculaire
finissant en marchands de frites et en glaces
rue de la gare
la gare
un bateau déguisé en phare
un bout de nulle part
la gare en béton devenu coups de crayon
la gare toujours pareille
toujours belle
blanche si basse et ronde
une femme allongée au bout de l’horizon
une première gare d’où l’on part
de là où on vient
…enfin
comme la gare
où il y a toujours des trains