lundi 31 octobre 2011

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Je reviens vous écrire comme on met des fleurs sur une tombe, des fleurs fraîches cueillies à l’aube du bonheur, en souvenir de vous. Ce pluriel désormais. Un concert de guitares lointaines pour un flux qui n’existe plus. Pauvre de moi mais tellement riche de vous, que mon cœur se détourne de celles qui n’ont ni votre humour, ni votre poésie. Pourtant il y a Anne, pourquoi cacherais-je son prénom ici ? Ici on ne peut pas se voir, s’entendre, s’écouter et se toucher et pourtant on peut se faire mal, avec des mots mal posés, mal interprétés, toute la beauté des fleurs, même si on met tout son amour dans la confection du bouquet, cela reste fragile, éphémère et tellement aléatoire.
J’ai ressorti mes mots, j’échauffe la voix qui murmure à l’intérieur de moi, je n’ai rien perdu pour attendre. Je titille du clavier, je me dilettante, la tête tournée sur le dehors…j’ai déjà oublié le début de ma note. Qu’importe ! Je continue ma petite cérémonie entre moi et moi. Des phrases roulent dans ma tête à très grande vitesse, impossible de les capturer, juste les allitérations en elles, lagon, lagune, lacune, lac, l’étang, les temps du signe. Ecrire sans concession pour compenser la pressurisation du bien parlant, du totalement correct, pour négocier l’irréprochable image de moi, ce modèle dont j’ai tant de mal à me défaire. Ecrire en virage. Ecrire : une courbe au milieu d’une ligne droite, un dérailleur qui me propulse à la force de mon estime… plus j’écris et plus je m’aime dans ce corps, dans cette vie qui ne m’a pas encore offert toutes ses surprises…
Ecrire pour dire toutes ces choses que je ne sais pas dire autrement.