lundi 14 mai 2012

Au fil des pages

Je n’avais pas choisi la table quarante et une, d’ailleurs si le choix m’eut été proposé, il est certain que j’aurais pris l’une de celles près des portes ou des fenêtres. Ce numéro pour moi était comme un vendredi treize. C’était le nombre que je traçais enfant sur la buée des vitres sans savoir ce qu’il pouvait signifier mais avec cette impression de dessiner l'avenir de ma vie en bâtons. C’était à la fois terrifiant et exaltant.

Je me suis donc assise face au miroir, laissant mon dos offert à l’inconnu, à un coup du sort inévitable, à quelque chose que je n’aurais pas pu voir arriver pour la contrer. J’étais encore terriblement assidue de mes lectures passées à m’imaginer dans un espace improbable, bien plus fine et intelligente que toutes ces personnes aux bottes poussiéreuses.

Le miroir tout piqué ne renvoyait que des éclats de lumière.

Tu es venue t’asseoir. Il n’y avait plus de miroir, plus de danger possible hors de mon regard, juste ta main qui tournait les pages pour trouver dans notre livre le point de départ.

C’est à partir de ce jour que j’ai commencé à t’écrire. Ce n’était pas encore toi, mais tu te ressemblais tellement.

Maintenant je peux le dire. Oui je peux le dire. Je peux dire qu’à la table quarante et une, j’ai parié ce nombre contre son double. Mon moi pour écouter ton cœur battre lorsque ma main allait t’offrir ce que rien ne pourrait effacer.

Mon amour.

10 commentaires:

  1. c'est beau,
    écrit le 14 comme si dans le miroir les chiffres c'étaient inversés.

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  2. Merci Virginie...encore un signe que je n'avais pas vu.

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  3. ahlala l'amour
    ;)
    profitons-en de l'amour, dans toutes ces formes, dans toutes les conditions, par tous les temps. Car il peut se cacher aussi bien dans la solitude, la grisaille et les jours pluvieux qui n'en finissent pas. Un beau jour on s'aperçoit que l'amour est dans tout et partout, quand notre regard a définitivement changé, et que notre vision désormais, notre ligne de mire est dans notre cœur. Alors ça transperce tout, et ça rejoint toujours le Soleil. Même dans le noir complet celui qui a atteint l'Amour dit : je suis la Lumière.

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    1. Ce sont des paroles d'une grande sagesse Eipho, de celles qui nous offrent un tout autre regard sur "notre" vie.
      Tu me rappelles un ami...

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  4. Sait-on jamais quand débute vraiment ce que l'on nomme une "rencontre" ?
    (mon chiffre d'enfant était le 5, je trouve qu'il se serait bien accordé avec ton 4 et 1 ;))

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  5. Le 5, le chiffre le plus difficile à tracer à l'endroit :)

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  6. J'aime venir revenir lire les textes. Souvent la première fois je ne mets aucun commentaire, je "reçois" les mots. Et puis, quand je suis touchée, je reviens les goûter plus lentement. Je t'embrasse Princesse.

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