mercredi 30 octobre 2013

cîme tiers


Demain c’est cimetière et je suis soulagée d’écrire ce nom au singulier, d’écrire cette journée au singulier aussi. Je sais que la tombe de ma mère aura déjà été nettoyée par la personne inconnue, qu’il n’y aura plus aucune feuille du chêne d’Amérique venue de l’ancienne forge…Mais c’est vrai, j’avoue que quelque part j’aimerais bien tomber nez à nez avec elle, moi avec ma petite pelle et elle avec sa brosse et son seau d’eau. Quand même cela fait des années que ça dure et le mystère reste entier !

Ma petite pelle c’est pour les bruyères aux pieds des arbres, enfin s’ils n’ont pas été coupés comme ceux que mon grand-père avait plantés. Depuis qu’ils sont devenus grands, j’ai  cette appréhension de ne plus les apercevoir en sortant de la voiture. Je suis tellement fière d’avoir sauvé ces deux arbrisseaux, je ne sais pas leur nom, ni d’ailleurs le nom  de la personne qui avait déposé cette composition florale et arbustive sur la tombe.

Demain c’est cimetière  et je suis soulagée d’écrire ce nom au singulier, d’écrire cette journée au singulier aussi. Même si mon grand-père est ailleurs, c’est dans ce village que je le retrouve, et pour mon arrière-grand-mère je ne pense pas que ça lui manquera, comme la fois où je me suis perdue dans toutes les allées du grand cimetière de sa ville à la nuit tombée et que…finalement pour ne pas repartir avec ma potée, je l’ai déposée sur la tombe de quelqu’un avec le même nom de famille.

Demain c’est cimetière et je suis soulagée d’écrire ce nom au singulier, d’écrire cette journée au singulier aussi. Demain je vais parler aux arbres en regardant un peu partout dans le cimetière, en accrochant mes yeux aux pierres blanches de l’église, et si jamais ils ne sont plus là, je parlerai aux bruyères pour leur dire que tout bientôt elles auront deux grands frères pour passer l’hiver. Ensuite j’allumerai une cigarette en  grimpant vers le haut du cimetière, soulagée, parce qu’après la tombe de ma mère (de ma grand-mère aussi), je vais suivre le circuit que nous faisions ensemble, ce petit bébé sa cousine…cette centenaire sa grand-tante…et puis à la tombe penchée de nos origines venues d’ailleurs, il y aura ce grand vide de silence qui ne finira jamais de s’écrouler.

 Alors qu’avec ma mère nous repartions vers le bas, moi maintenant je continue tout droit vers le nouveau cimetière, il n’y a vraiment aucune place pour les arbres, que des terrains à tombes bien calculés, mais juste après il y a une prairie avec des ânes et la rivière…Je me demande si la rivière sera encore là, c’est juste pour ça que demain j’irai au cimetière !!! (et puis pour les arbres aussi ;))

6 commentaires:

  1. si mes tiers...nous enlaçons les mondes et tout n'est que passage et transformations, je t'embrasse ainsi que les femmes de ta vie
    Amista

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Nous ne sommes que des êtres à contretemps finalement : 1 tiers et 2 tu l’auras…

      Supprimer
    2. tout contre le temps, mais on ne lutte pas contre le courant, d'ailleurs si tu suis le courant des lignes courbes tu te heurtes beaucoup moins aux arêtes ... du temps ! 1, 2, 3, SOLEIL !!

      Supprimer
    3. La transformation d’une ligne droite en courbe ça ne s’enseigne pas, ça se découvre… ( une de mes récentes découvertes que tu éclaires) et puis après pour toujours : on sait qu’on n’est plus seul(e) dans l’univers…Et ça fait vraiment moins mal, nettement moins mal tu as raison. Et même ça fait du bien !

      Supprimer
  2. J'ai eu envie de m'allonger sur une tombe dans ce cimetière et de regarder le ciel pour tenter d'y apercevoir un cortège d'anciens amis ... Bises.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il y a justement des tombes qui ressemblent comme à un lit, avec du sable, pour rêver au ciel et aux voyageurs d’au-delà la mer…
      Je t’embrasse.

      Supprimer

Laisser quelques mots ?