mercredi 9 avril 2014

En plein avril le parfum mouillé de la paille séchée c’est ça le vrai printemps



J’entendais la pluie tomber comme lorsque je suis ici à l’abri, dans cet endroit qui est chez moi. C’était le même bruit que celui sur le toit de ma maison.
J’ai dit : « Il pleut ? »
« Mais oui…il pleut. »
Ça ne leur faisait rien qu’il pleuve.
Je remarquai le carrelage au sol. Ce fut alors que je me souvins de toute l’histoire de cette pièce, de toute mon histoire, de ma petite vie passée par ici, du rectangle bleu d’un ciel pur d’été. Il faisait si beau ce jour-là, je n’avais jamais vu cette longue fenêtre horizontale en haut du mur, dans ce bureau qui m’apparut alors comme une prison, avec toute la vie qui était en dehors.
Il pleuvait, j’étais dos au mur, la lumière du jour finissant derrière moi, j’écoutais le chant des gouttes de pluie, j’étouffais mes souvenirs, je cherchais sur les murs couverts d’écriture, les traces d’hippocampes futures.
« C’est de l’orage ? »
« Oui, on dirait bien. »
Ça ne leur faisait rien les coups de tonnerre.
Ce carrelage je ne l’avais jamais remarqué auparavant, il était beau, propre, il n’avait rien à voir avec le balatum qui se griffait des traces noires du cirage des chaussures du maître d’autrefois.
J’étais ce jour-là, debout face au bureau, les yeux dans l’azur de la lucarne, mes mots exacts je ne les savais plus, seul survivait l’écho perdu de la fin sans doute de mon unique phrase : «les choses de la vie».
Il pouvait donc pleuvoir pareil dans cette pièce de quinze ans, pareil comme si j’étais chez moi.
Je n’entendais plus la pluie, le crayon sur le papier des dernières notes traçait les mots de la délivrance, mais ce n’était pas celle de l’heure, ni du temps perdu, ni du temps d’ailleurs, c’était comme un printemps.
Il pleuvait toujours, toutes trempées sur ce morceau de goudron comme au bout du monde, nous n'étions simplement que de quelques heures jusqu’au lendemain, et moi j’étais béate de bonheur.
J’ai crié : « C’est une pluie d’orage ! ».
Alors elles ont répondu : « Oui ! Oui !!!  A DEMAIN ASLÉ ! »

4 commentaires:

  1. Sais tu, j'espère que oui, que tu as un grand talent d'écrivain ? Je t'embrasse Princesse.

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    1. J'ai juste un talent de Princesse ! Je t'embrasse belle Ariaga.

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  2. En rerelisant, j'ai l'impression d'une pièce ouverte, et qu'il pleut à l'intérieur, et je sens même cet air humide dans les narines, celui des orages d'été qui emmènent toutes les senteurs de Mère Nature entrer en Soi. Peut-être parce qu'il pleut,ici et maintenant.
    Je t'embrasse

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    1. Ici, ce soir, c’est l’odeur, ce parfum doux, presque caché, de bois tendre que l’on brûle sans faire de fumée.
      Je t’embrasse belle Amista

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