vendredi 5 décembre 2008

jour



je pars dans la nuit
je reviens dans la nuit
le matin les paupières lourdes
et le soir les yeux écarquillés
la journée il fait si sombre
que je ne lève plus les stores
sur le gris du charbon mort
je bâille sous les néons
le midi j’aimerais ne plus revenir
je me commande mon lit
en pensée je me mets en boule
je pense à toi
en fin d’après-midi
je regrette mes chaussures fines et élancées
je rêve de pantoufles
de mon pyjama de me coucher
alors je fais du café
en attendant d’être chez moi
pour ne pas quitter la route
en traversant les toundras
la pluie la boue
les camions fous
le vélo ce fameux vélo
qu’on ne voit qu’au dernier moment
j’ai peur d’écraser un lièvre
un hérisson une betterave
de crever au milieu de nulle part
de ne plus avoir de batterie à mon nokya
je suis trop fatiguée de partout
ça me monte à la tête
avant
peut-être hier
je revenais avec des rires
et des idées pour demain
la fin de journée m’achève me tue
je laisse mes sacs et mes chaussures
dans le couloir
j’allume l’ordinateur
je fais défiler tous les malheurs
du monde
et puis quand je ne vois plus rien
j’éteins
alors j’ai faim
j’ai besoin d’avoir le ventre plein
de quelque chose de lourd de chaud
pour m’envelopper de l’intérieur
manger et dormir
même si je ne sais pas pour demain
avoir un corps à peu près
pour me soutenir
dans la bataille des draps
je cherche ma place
je creuse et je creuse
je tourne me retourne
je cherche un trou
un bout d’oubli
j’entends me parler
des voix de la journée
que je n’ai pas écoutées
enfin
je vois la première image
et puis une autre une autre encore
elles tournent se déforment
j’en fais ce que je veux
je soupire
je m’endors en dessins animés
oui mais voilà
dans mon sommeil viennent des enfants
qui sautent du toit des immeubles
des enfants perdus
des enfants qui meurent
qui me regardent sans rien dire
alors je suis bien obligée de me réveiller
je prie tout bas
je dis je t’aime à tous ceux que j’aime
je répète et je répète
jusqu’à ce que j’allume la lumière
pour voir si ma prière
n’a pas percé le plafond
pour que mes mots atteignent le ciel
je refais mon lit
je pense à toi et je souris
une heure deux heures
mais je ne regarde pas l’heure
je me sens bien il y a toi
et si je m’endors
je dors les plus beaux rêves…

je repars dans la nuit
mais il fait plus clair qu’hier
il y a la grue au bout des champs
sa cabine allumée
je me demande si à grutttier
il y a un t ou deux
je me dis c’est bientôt noël
et que je ferai du feu dans la cheminée
je m’imagine allongée face à l’âtre
avec mes doigts de pieds en éventail
en mangeant des mandarines
et jetant l’écorce orange au feu

[...]
j’ouvre les stores
et si on décorait les vitres ?

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