mercredi 8 avril 2009

je suis morte un instant



La plume s’éteignait, l’encre pâlissait et la mer retirée laissait place au désert.
D’où je suis, il y a des pas qui se lisent
Qui filent à l’horizon et qui s’envolent
De l’autre côté de la Terre.
J’ai mal au ventre si mal aux yeux
Si mal au regard qui me puise de l’intérieur
De l’autre côté du vide
Où vont les souvenirs.
Le temps précède me succède
Le vent m’aspire en arrière
Je retourne à la mer prise à l’envers
Où tout naît et disparaît.
La plume s’éteignait, l’encre pâlissait et la nuit bordait la dune d’où il fallait sauter.
D’où je suis, il y a les parfums d’une vague
Qui me parle de toi mon amour.
Il fait noir sur le noir de mon âme
Je sens mon visage me quitter.
Dans la carcasse de l’invisible
Des voiliers fantômes en abattis de bois mort
Me frôlent des prières de tous les pas perdus.
J’écoute un coeur pris au filet des algues
Qui bat et qui bat de plus en plus fort
Qui bat au creux de la douleur les cris
Qui disent qu’il n’est pas encore le mien.
Le jour se levait, la nuit pâlissait et la plume envolée se noyait dans l’encre au ciel de toutes les mers.
D’où je suis, il y a la pluie qui se lit
de tous les chagrins sur la Terre grise.
Les traces d’un petit homme
Prises au hasard de la boue d’un chemin
Et puis qui soudain s’arrêtent.
D’où je suis, il y a tant à écrire
Pour se désespérer.
Se désespérer des barques
Qui n’iront jamais à la mer
Même pas en rêve puisque pour elles
La mer n’a jamais existé.
Le jour se lève, la nuit est loin pour aujourd’hui et la plume retombe du ciel dans la main de celui qui croit en Elle.
D’où je suis, il y a les traces de la plume
Qui me dessinent le voyage des couleurs.
La voix belle et silencieuse de milliers d’abeilles
Qui tissent entre elles le miel dessous les voiles.
D’où je suis, il y a l’arbre qui porte les fleurs
Et qui un jour à notre tour nous portera
Au vent des chants de la mer loin devant.

*photo Jeanne

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