samedi 16 janvier 2010

Rendez-moi




Oui ! C’est moi…Passé l’aurore, le bouquet des paroles aux fleurs d’étincelles si légères de la rosée du jour qui vient de naître. Un soleil avant l’heure. Passés les fantômes de la nuit, ceux qui n’arrivent à rien d’autre que faire les cernes anciens au bonheur. Le matin, regard d’enfant. Tout à écrire de phrases culbutantes. Mes pensées sont l’âme qui salue, soulevant circonflexe le chapeau de la nuit. L’être nu, gracile balbutiement de mots futurs.
Comment me voir autrement ? Comment me vivre aussi.
C’est toujours de penser quand le jour se lève, que tout sera beau, que mes sourires sauveront le monde parce que je saurai sourire même loin du matin, que rien n’abattra mes rêves, que j’en donnerai tant et tellement, tellement je revis, je vis tout court, débordant au seuil de la nuit, débordant des lumières qui réchauffent ma confiance.
Le jour se lève, le jour avance, les mots prennent de plus en plus leur distance, je ne parle plus que ceux de l’habitude. La lassitude me grignote et cette phrase adolescente « un seul être vous manque et tout est dépeuplé » prend le sens qu’elle signifiait. Je grince de mon corps et je perds tout ce que j’aurais aimé dire.
Le soir je retourne encore plus grave, aggravée d’un jour de plus. Sous dix mille tonnes de couverture d’azur, je fais un nid pour demain. J’essaie d’oublier le mieux possible. Je pense à une forêt avec un arbre qui manque, alors je compte tous ceux qui restent, mais ce ne sont que des arbres. Et je m’arrête au dix millionième puisqu’il faut bien s’arrêter quelque part. C’est celui où ils sont tous, tous ceux qui sont partis, tous les fantômes, les morts et les vivants. Après je dors de cauchemars mais je dors d’un jour en moins…
Oui ! C’est moi…Avec les lèvres de mon sourire qui se décousent des fils qui les recoudront demain. Mais à chaque fois je ne le sais pas, je crois bien que j’ai la vie vissée à moi pour juste une histoire d’amour, oh non pas juste, essentiellement, comme toutes les fibres de mon être qui me sont invisibles mais que je ressens.


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