samedi 6 septembre 2014

Une aigrette de cyprine ou l’obsidienne de ses yeux ?

Je n’avais pas encore la mémoire d’une Butch Cassidy.
Je l’appelais Aimée en souvenir du film Aimée & Jaguar. Tous les jeudis matins dans l’azur naissant, elle se faufilait vers le haut de la montagne Sainte Geneviève, son corps de callypige miaulait encore sous le vent de la tempête, j’entendais presque les clapotis de sa chevelure. Elle me troublait et je rougissais sous l’obsidienne de ses yeux, comme à la lumière d’une aigrette de cyprine.
Et puis un jour de sérendipité, d’un train malencontreusement raté, j’entrais à « l’Accroche-cœur », ce café aux murs de miroirs et de photos, couleur de schiste, je m’emboîtais sans détours et sans mystère entre la banquette et la table couleur cerise, je ressentais en moi le bateau qui chavirait, ma peau était prête à éclater, je réalisais que j’allais la voir de très très près. Pour me détendre je me mis alors à feuilleter cette revue sur les oiseaux qui dans mon rêve était le signe pour nous reconnaître, mes doigts entortillaient les pages, je voulais être de plénitude, avoir le corps calme, ne plus entendre les filles au comptoir qui parlaient de manteaux de fourrure. Les minutes s’enhardissaient de ma fièvre et d’étoiles, je revoyais mon rêve comme un drapeau qui claquait au vent, comme un éclair de vie enfin qui me sortirait de la moiteur de mon corps.
Soudain le jour de la porte ouverte éclaira Aimée de chair et de passion, un immense sourire aux lèvres, tenant entre ses mains un gâteau d’anniversaire, elle avait autour du cou un collier de perles rouges et bleues qui dansaient, et plus je la regardais, et plus je savais que la zemblanité n’était pas seulement qu’un paquet de mouchoirs pour m’intimider.
Deux jeunes hommes alors se levèrent, elle déposa subrepticement le gâteau sur le comptoir et  les serra avec tendresse contre sa poitrine, les appelant «mes fils» leur disant haut et fort qu’elle les aimait.
La télé en boucle derrière le comptoir fit une nouvelle accroche, distillant encore et encore la révolte, la trahison et  la rage de celles qui lesbonophilaient pour un monde de sensualité à partager.
Ensuite elle alluma à l’aide d’une longue baguette enflammée les bougies.
A cette époque je ne censurais pas mes maux, j’avais pris un cahier pour observer et décrire, alors comptant parmi les mots ceux qui me resteraient à utiliser : donner, dormir, douceur, frôler, intensité, jouir et peloter, je ne me sentis pas du tout désarçonnée : j’avais encore mon caressefil…
Les garçons qui semblaient être des jumeaux soufflèrent en chœur les bougies, Aimée entonna un vieux chant yiddish polonais de célébration de mariage.
Ce fut là que je fis cette grande croix croisée dans ce fameux cahier : qui voulait dire tant pis ! si je suis catholique !!!!!!!
Alors je me suis levée, j’ai poussé avec des cliquetis la table et mes cinq tasses de café, je partais  regrettant d’avoir raté mon train et d’avoir passé ces quelques heures à rêver.
« Aslé ! »
Mais comment Aimée connaissait-elle mon prénom ?
« C’est ton cousin qui m’a dit que c’était toi, lui là : Michel ! Aujourd’hui il fête leur premier anniversaire avec Bertrand !
Ce fut ainsi que grâce à mon cousin Michel, je devins (au début) serveuse à « l’Accroche-cœur »…

Aslé en retard pour cineffable,

(Je rereferai une relecture pour les fautes de français, mais j’ai retrouvé ce grand début d’histoire tout à l’heure et impatiemment je l’ai terminée en écoutant Prince, comme quoi je change, jamais je n’aurais pu écrire ailleurs que dans le silence de mes mots.)


Je vous aime.

2 commentaires:

  1. Avec la création du site je n'avais plus de temps mais je suis toujours heureuse de lire ma Princesse. Ce récit est prometteur. À bientôt, j'espère. Je t'embrasse.

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  2. Je suis allée un peu voir...sur la pointe des pieds...
    Bises Ariaga.

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