jeudi 29 avril 2010

Pauvres jonquilles (épisode 1)


C’était un mois d’avril, encore un où le printemps tardait tant à venir que même la terre se refusait à dégeler sous les premiers vrais rayons chauds du soleil. De pâles et maigrichonnes jonquilles aux tiges si courtes et distordues se perdaient comme des sachets plastique vieux de dix ans dans le jardin de mon père, qui depuis ce jour où on l’avait rangé des voitures, s’était vu affublé du nom d’amiral, vous savez cet ami qui râle sans arrêt. C’était ce mois, le dernier de ma mère, lorsqu’elle avait dit je ne pensais jamais revoir le printemps et puis qu’elle était morte. Ici, pour que le printemps arrive, il faut une explosion, un bouleversement, un souffle qui éteint, un souffle qui s’éteint. Un orage de soleil.
Il avait fait si froid durant cet hiver, si froid que tous les arbres du jardin avaient disparu dans la cheminée, seul le tilleul, lui le dernier était là guettant sa destinée… mais les traverses non. Non ! On ne brûlait pas les rêves pour se réchauffer, on ne brûlait pas les preuves non plus. Nous n’avions jamais été lâches à ce point.

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