samedi 8 juillet 2006

La Lapécacolodie

Savez-vous qu’il existe en Lapécacolodie (pays sorti de l’imaginaire Aslétie …) des êtres vivants aux formes tarabiscotées (en fait une biscotte, 2 bras, 2 jambes et bon je suis généreuse : une tête) qui se réunissent une fois par an, de préférence au printemps, saison qu’ils nomment chez eux la périodexité en référence au dieu Dexos qui créa le blé et à la déesse Péris qui fut la première meunière des éoliennes a utilisé le vent pour se brusher. Oui, la déesse Péris (j’espère que ce nom n’existe pas en vrai !! ou que ce n’est pas une quelconque marque de spray coiffant…bon ! tant pis) avait tant de cheveux qu’il lui était impossible de les garder sur les épaules et plus elle les coupait et plus ils abondaient. Alors elle eut cette idée géniale quoiqu’étant une déesse, j’aurai du dire une idée divine mais le génie n’étant pas un marqueur spécifique propre à une quelconque appartenance idéologique…blablabla… Bref elle se fit implanter sur chaque lobe frontal un mini moulin aux pales uniquement activées par ses idées funanstes( elle imaginait chaque jour un funambule tombant du fil, c’est la raison pour laquelle en Lapécacolodie vous trouverez des tapis de sol partout d’une épaisseur d’au moins 5 mètres, car Péris avait les idées hautes en voltige).
Donc chaque année, les Lapécacolodiens se réunissent pour honorer leurs dieux et fêter le renouveau. Chacun se montre son nouveau biscoto de l’année, à qui fait le moins de miettes possibles et les crac crac résonnent dans tout le pays.
Mais l’attraction a ne pas manquer (ainsi nous vous recommandons chaudement de préférer votre séjour durant cette période) est celle du spectacle de clôture de la saison annuelle de printemps de chaque année de la même période dans lequel Dexos fait pleuvoir des grains de blé alors que sur un fil son fils (qui est en fait son père mais c’est de tradition) se meut comme il peut un moulin dans chaque main jusqu’à ce qu’apparaisse au final dans un rayon vert la déesse Péris aux cheveux en traîne de 1000 mètres, traîne dans laquelle se met alors à glisser le pauvre funambule mouliné. Ainsi la légende déformée au fil du temps devient une mise en scène flamboyante jusqu’aux véritables grains de blé que vous aurez loisir à ramasser et à emporter pour ainsi faire revivre dans un peu de terre chez vous un peu de Lapécacolodie.


De l’union de Dexos et Péris naquit la déesse Aslé mais vous ne trouverez nulle trace de temple érigé à sa grâce car elle fut déchue ayant coiffé un chapeau l’année de ses vingt-cinq automnes (vous remarquerez l’importance des saisons dans l’Histoire de la Lapécacolodie). Sa mère Péris pour se venger de l’affront se rendit au mont Lapécal et ourdit un plan machiavélique consistant à priver sa fille du moindre cheveu (et par la même occasion de tout poil, ah ça c’est pas mal).
Aslé privée de l’unique force divine héritée de ses deux parents n’eut plus qu’à quitter la Lapécacolodie. Elle s’adonna aux plaisirs terrestres et fut bientôt surnommée Aslé la chapelière. Ses créations en matière de couvre-chefs furent extravagantes et marquèrent sur la terre cette période que l’on appelle encore de nos jours en sa mémoire la période aslétirtienne.
D’ailleurs vous trouverez au domaine de l’Aslétie (prononcé Asléscie) un étrange musée où sont réunis quelques unes de ses créations ayant échappé aux ravages des guerres qui divisèrent cycliquement (toutes les trois saisons) l’Aslétie et un autre pays imaginaire.
Puis un jour sous les caresses d’une main passagère se mirent à apparaître de fins cheveux sur la tête de l’ancienne déesse (« Le Miracle à la Main » Paola Scarletinoff aux Editions Deux fois Deux). La main d’un hasard qui fit se découvrir la vérité enfouie d’un amour bâillonné de cap et d’épée………….STOP
Aslé découvrit son pouvoir d’aimer et celui d’être aimée alors ses cheveux après tant d’années (combien ? ô combien il est difficile d’estimer une durée en termes de représentation spatio-temporelle… juste que c’était long.) se mirent à nouveau à pousser à la vitesse de celle qui l’aimait. Seule l’Amie disposait de l’acte de couper, car l’expérience du professionnalisme s’avéra un cuisant échec. Seuls ses doigts avaient cet étrange pouvoir et seuls sur la chevelure d’Aslé… Quant aux autres pouvoirs, ceux-ci sont détaillés dans la très charmante biographie de notre consoeur et non moins courageuse collègue qui osa la première aborder ces phénomènes en –ène, pour ne pas la nommer et bien je ne la nomme pas (Nah !)
Je vais clore ici ce second article à la mémoire des origines et me replonger dans la lecture des anciens scribouillis, munie de mes dictionnaires à traduction automatique car il n’est point aisé de transcrire ce qui n’est écrit que dans la langue aslique.

Aslé avait tout pour être heureuse mais elle avait la nostalgie, la nostalgie simognesque, celle du tableau aux yeux verts de la galerie de la dynastie, du grand escalier bleu sur lequel elle avait tout joué en divine danseuse, des chorégraphies les plus enchanteresses à celles de cygnes qu’on assassine…
La Lapécacolodie où était-elle ?
Elle télépagea un message à son père, ayant conservé cette unique faculté divine : un petit page blanc prit note de son désir, celui d’un court séjour au château bleu. Puis elle souffla et dans l’air les mots s’envolèrent jusqu’à la demeure du dieu Déxos… Là le petit page blanc récita le poème (oui, seul langage transmissible mémorisable utilisé en télépagie).
La réponse fut instantanée :

-Ma fille soit la bien venue
Même si tu n’es pas attendue.

-Merci père mais ne serai seule
Ainsi que les dieux veulent
L’amour m’accompagne
Jusqu’à votre campagne.

-Ma fille je t’ai vu nue
Alors ne serais être déçu.

Le voyage fut préparé, des présents accumulés, une cabine louée sur l’unique bateau de Traversée. Traversée le Fleuve, frontière naturelle de la Lapécacolodie. Le « transport » fut agréable et lorsqu’apparurent les premiers contreforts, le cœur d’Aslé se serra très fort tout comme sa main sur les doigts d’Hélèneaunord.
La calèche bleue aux deux chevaux ailés attendait piaffant sur un coussin d’air transparent. A ses commandes, Aslé reconnut la fée aux ailes étincelantes, elles se saluèrent d’un sourire reconnaissant et l’équipage prit son envol dans le ciel lapécacolodal….
Arrivées au château alors qu’elles descendaient sur un velours bleuté, la fée gracile fit naître un chevalet de verre. De dessous ses ailes, elle allongea les bras et apparurent au bout de chacun de ses doigts un pinceau d’un bleu différent pour chacun. Ils s’agitèrent en un ballet magique, comme une formule à prononcer et quelques secondes plus tard elle leur tendit le tableau vivant dans lequel s’animaient les deux amies dans une danse pour le moins féerique et pour le plus : encore plus féerique.
Puis la fée disparut dans un tourbillon d’azur et quelques notes bleues se déposèrent sur leurs cheveux. La pluie les fit se précipiter à l’entrée du château où nul ne les attendait. Aslé guida Hélèneaunord dans le dédale des salles jusqu’à l’escalier central. Là se baissant elle embrassa la première marche et le château s’anima de l’hymne lapécacololial…C’est alors qu’apparut sur la plus haute marche le dieu Déxos…

-Merci père de nous accueillir en votre demeure
Nous vous présentons nos salutations d’honneur.

-Bonjour ma fille bien mal habillée
Quel est donc cet être à nous présenter.

Le sang d’Aslé ne fit qu’un tour :
-Je vous présente mon amour.

Alors baissant les yeux sur Hélèneaunord, il dit ceci :
-Pour qu’elle raison aurais-je à accepter
Celle qui partage la vie de ma fille bien aimée ?

-Mais très cher père pour la raison d’amour
Celle que vous m’enseignâte dès mes premiers jours.

C’est alors qu’Hélèneaunord ne prit pas la parole ; car le dieu coupa court en donnant rendez-vous aux premières lueurs du jour.
Aslé rassura son amie, connaissant son père elle était avertie et il lui apparaissait qu’elle avait gagné la première partie.
Puis d’un commun accord les deux amies se dirent bonne nuit et s’endormirent. Aslé fit un rêve merveilleux car durant son sommeil veilla l’en-chanteuse fée bleue.

Dans le prochain épisode, mêlant divin et féerie, vous saurez comment Aslé gagna face à la Déxoscratie……. ;

Aslé s’éveilla, Hélèneaunord était à la fenêtre au soleil vêtue d’un simple voile. Elle s’étira puis vint la rejoindre, l’enlaçant et posant la tête sur son épaule.
Dans le ciel, la merveilleuse fée bleue traçait des arabesques surplombant le fleuve qui scintillait de mille lumières. Elles restèrent longtemps à contempler ce fascinant spectacle lorsque soudain les courbes tracées en volute prirent la forme d’un message : bleu x 3. Aslé comprit à la seconde.
L’hymne lapécacolial retentit, l’heure était venue. Elles se vêtirent aux couleurs de la Lapécacolodie (car tel était le message) et se rendirent dans les appartements de Déxos. Après les salutations d’usage, l’entretien de la veille reprit et la parole fut donnée à Hélèneaunord. Hélèneaunord n’était pas celle aux compliments, ni aux formules surfaites de pédanterie, ses propos furent ce qu’elle avait à dire : qu’elle aimait Aslé.
Déxos fut surpris qu’elle n’aborda point le sujet du miracle accompli, c’est lui qui le fit, il voulait une explication. Alors Hélèneaunord répéta ce qu’elle avait déjà dit (je sais mais j’insiste, c’est tout à fait ça). Xédos était circonspect (j’adore…), il réclama une formule sur le champ. Les yeux d’Hélèneaunord se posèrent sur Aslé et elle déchira un morceau de chaque étoffe qui couvrait son corps, réclama une eau à 90 °C dans laquelle elle plongea les trois morceaux de tissu aux trois bleus différents puis les retira après un certain temps (je ne vais pas tout dire non plus) et comble de stupeur sur chaque pièce de tissu se retrouvaient les trois couleurs. Hélèneaunord appliqua l’une d’elle sur les cheveux d’Aslé qui à leur tour prirent les trois bleus.
Déxos peu convaincu, fit répéter l’expérience jusqu’à la nuit tombée, jusqu’à ce que tous ses fidèles sujets y soient passés.

- « Mais cela n’explique pas la pousse des cheveux ! »

-« Mais père n’est-ce pas formidableu
Tous vos sujets à la tête aux trois bleus ! »

-« Oui
Ma fille, ton amie a du génie »

Et ce fut le point de départ de nombreux échanges expérimentaux entre Déxos et Hélèneaunord, mais en attendant c’est la fête au château, transformé pour l’occasion en un vaste salon…de musique où résonne la harpe aslétique aux enchantements mélodiques…

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